Dés le début du 19 ème siècle, les échanges extérieurs s’établissaient déjà à 33% de la production mondiale. On retiendra cependant que l’histoire du développement du commerce international demeure intimement liée à la période d’industrialisation de grandes nations que sont la Grande Bretagne, la France, l’Allemagne et les Etats-Unis, les deux premières nations ayant été pionnières de la première révolution industrielle.
Les grandes nations de l'époque tels que l'Angleterre, la France, la Belgique, le Japon, l'Allemagne, les Etats - unies d'Amérique et le Pays bas étaient devenues les fournisseurs de produits finis pour les pays encore sous - développés ou colonisés; et achetèrent de matières premières de ces pays. La division internationale du travail est donc le fait que dans les relations économiques internationales, le sud a le rôle du fournisseur de matières premières pour le nord, et le nord, celui de fournisseur de produits finis pour le sud. C'est dans le commerce international que la division internationale du travail est beaucoup plus manifeste. L’apparition de l’or noir n’a rien changé dans certains pays , peureux d’être colonisés comme le cas l’’Irak et la Lybie, restent tributaires de ces grandes puissances industrielles.
Observant un taux de croissance annuel moyen de 5%, les échanges internationaux, qui portaient essentiellement à cette époque sur le commerce des biens, évoluaient de manière concomitante avec le développement de la production industrielle dont les taux de croissance dans les grandes nations oscillaient entre 4 et 5%. Par ailleurs, la baisse de la progression de la production industrielle a été souvent suivie, au cours de cette même période, d’une baisse des échanges extérieurs (A. Samuelson, 1991).
Cette évolution pro cyclique de l’échange international continuera plus tard notamment avec la deuxième révolution industrielle impulsée par les Etats-Unis à travers le développement de son industrie automobile et chimique et surtout, fondée sur l’usage du pétrole en tant que source principale d’énergie. Cette même évolution pro cyclique caractérisera les périodes d’avant et d’après les deux guerres mondiales. L’interprétation des données statistiques, surtout pour la période d’après la deuxième guerre mondiale, exigeait néanmoins une prise en considération des effets inflationnistes engendrés notamment par les deux chocs pétroliers de 1973-1974 et de 1979-1980. Après ces chocs, il devenait alors indispensable de discerner l’évolution nominale (en valeur) des échanges internationaux de leur évolution réelle (en volume).
Il faut attendre le début des années 90 pour observer une progression toujours soutenue des échanges commerciaux mais accompagnée cette fois-ci d’un ralentissement de la progression de la production industrielle notamment dans les principaux pays industrialisés1. Il est par ailleurs étonnant de constater que, au cours de cette même période, les échanges continuaient à se développer dans un contexte de résurgence du protectionnisme.
En réalité, c’est surtout la redistribution géographique de l’échange international qui s’est modifiée faisant perdre aux Etats-Unis et à l’Europe leur hégémonie historique au profit d’autres régions (la région du sud est asiatique, en particulier) et de pays à l’instar du Japon et des 4 dragons (Taiwan, HongKong, Corée du Sud et Singapour) et plus récemment de la Chine dont l’accession récente à l’OMC contribuera davantage à l’intensification du commerce mondial.
L’apparition de ces nouveaux pôles du commerce mondial renvoie elle-même à une autre lecture historique du développement de l’échange international qui va au-delà de l’observation des tendances chiffrées du commerce. Dans cette autre lecture, il s’agit plutôt de considérer l’évolution de la structuration des échanges à travers une prise en compte de la nature des biens échangés (matières premières, biens intermédiaires, produits finis) qui va tracer les contours d’une division internationale du travail, celle-ci contribuant pour sa part à expliquer la hiérarchie de développement des nations co-échangistes.
Considérons d’abord la première division internationale du travail qui s’est développée sur fond d’échanges de matières premières contre des produits finis. C’est ainsi que les grandes nations du commerce mondial vont renforcer leur processus d’industrialisation à travers des importations de matières premières en provenance des pays dits « subordonnés » (Inde, le Canada), ces derniers importeront à leur tour les produits finis fabriqués dans les grandes nations dominantes. Cette première forme de division internationale du travail continuera jusqu’à l’émergence d’un troisième pôle régional formé par le Japon et des pays satellitaires comme les 4 dragons.
Une nouvelle division internationale du travail v a alors prendre forme. Avec le Japon pourvoyeur d’équipements, de technologie et de capitaux, les dragons qu’on appellera désormais les nouveaux pays industrialisés vont progressivement dominer certains créneaux du commerce international de produits finis (textile, électronique). Or, la fabrication de ces mêmes produits est intensive en travail, facteur à la fois abondant et peu coûteux dans les dragons. Cette réalité illustre d’ailleurs parfaitement les fondements théoriques de la spécialisation internationale tels qu’énoncés dans l’orthodoxie classique de l’échange international. En effet, les pays se spécialisent dans les secteurs dans lesquels ils disposent d’un avantage en terme de coûts, ces avantages pouvant être absolus (A.Smith) ou comparatifs (D.Ricardo). Nous y reviendrons plus loin.
Pour conclure, il est important de souligner que la nouvelle division internationale du travail n’a pas réellement bouleversé l’ordre hiérarchique du développement des nations participant à l’échange international2. La dominance incontestable de l’échange mondial, notamment en termes d’exportations par des pays développés industrialisés à l’instar des Etats-Unis et de l’Europe n’est pas à démontrer. Le Japon et les dragons gagnent quant à eux des parts de plus en plus importantes dans le commerce mondial.
Avec un peu plus de 5.1% des exportations mondiales, la Chine connaît une montée en puissance certaine en dépit des critiques dont elle fait l’objet notamment sur la question du respect des normes sociales. Enfin, le cas des pays africains en développement demeure assez problématique. En effet, à l’exception des pays qui ont tenté des expériences de développement industriel via le choix de la politique de l’import substitution et de promotion des investissements extérieurs (Tunisie et Maroc), beaucoup de pays de l’Afrique subsaharienne dont les exportations se basent pour l’essentiel sur les produits agricoles continuent toujours de subir les aléas climatiques voir le protectionnisme de pays comme les Etats-Unis et notamment l’Europe qui subventionne ses agriculteurs dans le cadre de la politique agricole commune.
A un autre niveau, le rôle intégrateur du FMI ou de la Banque mondiale peut être mentionné :dispensateurs de crédits « conditionnés », ils disposent ainsi de moyens de pressions pour peser lourdement sur des politiques économiques et même sur des politiques sociales ou sur la nature du régime politique des nations au profit des grandes puissances membres d’où l’inégalité qui règne perpétuellement entre pauvres et riches
On croit qu’on est revenu à la première étape de la période d’industrialisation de grandes nations et l’affirmation proverbiale « la raison du plus fort est toujours la meilleure » restera toujours évidente car le plus puissant par ses richesses restera le plus fort et restera doté des moyens de s’imposer.