-Anatomie et physiologie • Animaux et l'environnement • culture generale • economie • flore et ses bienfaits • Internet et Informatique • L'alimentation et la nutrition • La Biologie • Le mésothéliome • Les épices • Les fruits et légumes • Les vitamines • Maladies & Affections • Médecine et traitements • Médicaments • monde technologique • remèdes naturels • Santé et Bien-être • sciences et génie -orange

mercredi 30 septembre 2020

le millepertuis

 le millepertuis

Son nom

« Millepertuis commun ou perforé », « herbe de Saint-Jean », « herbe aux piqûres », « chasse-diable », « faux-lin », « herbe aux cent trous », « herbe à mille trous », « lin sauvage », « truchereau », « pertuisane », la plante se présente sous de nombreuses identités. Pour les anglophones, elle est, bien sûr, St.John's Wort, mais également « Merveille ou Grâce de Dieu » (Gods' Wonderplant, Grace of God). C'est dire tout le respect qu'ils lui portent.

Le nom latin Hypericum viendrait du grec hyper eikona : « qui chasse les fantômes ». Les noms de perforatum et de millepertuis (« pertuis » voulant dire trou) traduisent l'aspect perforé des feuilles. En effet, si on les regarde par transparence, on observe qu'elles semblent creusées d'un grand nombre de petits trous. Il s'agit en fait de petites poches remplies de résine et d'une huile volatile.

Au Moyen Âge, les doctes savants lui avaient donné le nom de Fuga doemonium (chasse-diable), parce qu'ils lui attribuaient le pouvoir d'éloigner les esprits diaboliques ainsi que les sorcières. Fascinant parce que, il n'y a pas si longtemps, on découvrait que la plante avait des propriétés antidépressives. Or, pour le Moyen Âge croyant, la dépression et les autres troubles mentaux étaient considérés comme des formes de possession diabolique.

Son rôle dans l'équilibre écologique

C'est connu, le bonheur des uns fait le malheur des autres. Arrivé dans l'est de l'Amérique du Nord avec les colons européens, le millepertuis s'est rapidement répandu du fait qu'il possède un mode particulièrement efficace de multiplication végétative, en plus de se propager par les graines. Au point qu'il est devenu, à certains endroits, une mauvaise herbe difficile à éradiquer. Utile pour la vie sauvage (les oiseaux raffolent des graines) et pour les humains, il est toutefois désastreux pour le bétail qui, lorsqu'il en consomme de grandes quantités et se trouve ensuite exposé à un soleil fort, peut souffrir de brûlures graves en raison de l'effet photosensibilisant de la plante. Ce sont surtout les vaches, les moutons et les chevaux à la peau claire qui sont touchés. Dans certaines parties du monde, en Australie notamment, la plante est devenue l'un des plus terribles fléaux de l'agriculture. Toutefois, l'introduction d'une espèce de coléoptère, (Chrysolina quadrigemina), capable de la détruire, a permis de réduire les dommages qu'elle causait au bétail. À la fin des années 1940, la Californie introduisait à son tour cet insecte après que de nombreux éleveurs eurent constaté que leur bétail souffrait de brûlures graves. À peine une dizaine d'années plus tard, les populations de millepertuis avaient diminué de 99 % dans cet État. Ce qui a poussé la USDA (United States Department of Agriculture) à ériger, en 1958, un monument commémoratif en l'honneur de cet insecte ô combien bénéfique aux yeux de certains!

Cela se mange?

Peu consommé comme aliment, le millepertuis offre toutefois ses feuilles crues à l'occasion. On les ajoute aux salades. Quant à ses fleurs, elles ont servi à aromatiser les boissons fermentées.

Cela soigne quoi?

Le millepertuis est l’une des plantes les plus utiles, selon le docteur et phytothérapeute français Jean Valnet. On l’a employé pour soigner les bronchites, l'asthme, les cystites, la maladie des femmes sans pouls (ou artérite oblitérante, maladie dont les symptômes sont la faiblesse ou l'absence de pouls et une insuffisance cardiovasculaire et qu'on ne diagnostique que chez les femmes), les affections résultant d'une lésion à la moelle épinière, la sciatique, l'insomnie, l'irritabilité, diverses maladies infectieuses infantiles ainsi que l'énurésie, lorsqu'elle n'est pas attribuable à des causes organiques, et les terreurs nocturnes des enfants. Par voie externe, on l'a employé pour soigner les plaies, brûlures et ulcères de jambe. Considéré comme un des vulnéraires les plus fiables, cet usage a persisté à travers les siècles.

On récolte généralement la moitié supérieure de la plante lorsque les fleurs commencent à peine à ouvrir. On la coupe finement et la fait sécher, toujours selon le même principe : sur une toile moustiquaire montée sur un cadre, à l'abri de la lumière et de l'humidité, ou dans un four réglé à très basse température, porte entrouverte, pendant de 4 à 6 heures. Avec le lierre terrestre et l'aunée, vous préparerez cet automne une excellente tisane contre la bronchite. Pensez donc à faire des provisions!

L'infusion se prépare à raison de 15 g à 30 g de sommités fleuries pour un litre d'eau. On prend 3 ou 4 tasses par jour.

Pour les traitements topiques, on a trouvé qu'une des meilleures façons d'extraire les principes actifs du millepertuis était de le faire macérer dans l'huile. Il confère d'ailleurs à cette dernière une extraordinaire couleur rouge qui rappelle ces soleils flamboyants des fins de journée de juin. C'est là qu'on comprend pourquoi les anglophones lui ont également donné le nom de « soleil terrestre » (terrestial sun).

Il suffit de mettre une poignée de fleurs (on n'utilise que les fleurs dans ce cas) dans un bocal transparent et de verser dessus ½ litre d'huile d'olive. Faire chauffer au bain-marie pendant deux heures et laisser macérer à froid pendant trois jours avant de passer. Ou, tout simplement, laisser macérer au soleil de deux à six semaines (selon les sources).

On a utilisé cette huile sur les plaies, les brûlures et les ulcères, ainsi qu'en friction contre les névralgies rhumatismales. On l'a également employée par voie interne pour soigner la gastrite ou l'ulcère gastrique à raison d'une cuillerée à thé, à prendre à jeun, matin et soir. On l'a également appliquée sur les hémorroïdes et on l'a administrée en lavement, à garder toute la nuit, pour le traitement des problèmes inflammatoires du côlon. Faites-la chauffer légèrement avant de l'administrer de cette façon. Ça, c'est si vous trouvez un candidat aux lavements, car il s'agit là d'une espèce en très rapide voie de disparition. De même pour les candidats aux suppositoires. L'Homo « dolorosus » moderne exige qu'on lui administre ses médicaments par son extrémité la plus noble, peu importe si ce n'est pas toujours aussi efficace. Pas très logique...


Le houblon

 Le houblon

Son nom

Humulus serait un diminutif de « humus », qui vient du latin et veut dire « sol ». Produit de la décomposition partielle des matières animales et végétales, l'humus est d'une grande richesse. On pense donc que le nom latin du houblon fait référence au fait qu'il aime les sols riches et humides. On ne sait pas au juste à quoi réfère lupulus, qui signifie littéralement « petit loup ». Est-ce au fait que la plante a servi à soigner les ulcères cutanés, lesquels ulcères portaient, dès le Xe siècle, le nom latin de lupus?

On ne sait pas non plus si « houblon » vient du néerlandais hoppe (duquel dérive le terme anglais hop) ou du francique hummol.

Bref, on ne sait pas grand-chose.

Certains auteurs ont classé le houblon, erronément, dans la famille des moracées. Pendant un temps, il a appartenu à la famille des urticacées, mais, récemment, on l'a déplacé vers la famille des cannabinacées. Encore un coup des taxonomistes, qui s'amusent comme des petits fous à nous rendre dingues, nous, pauvres amateurs de botanique, en interchangeant espèces, genres et familles à qui mieux!

Son rôle dans l'équilibre écologique

À cause de sa forte propension à grimper et de sa grande vigueur, le houblon peut servir à camoufler les endroits ou objets inesthétiques, les hautes antennes ou les tours de métal, notamment. On peut en faire des haies, qui protégeront les plantes potagères ou ornementales contre les vents violents, tout en offrant une plus grande intimité aux humains.

Et ça se mange?

En Europe et en Asie, les jeunes pousses de houblon se mangent depuis l'Antiquité, parfois crues, mais généralement cuites. Longuement bouillies, les jeunes feuilles ont parfois été consommées dans les périodes de disette. Au Canada, on ne trouve pas de référence à la consommation de houblon par les Amérindiens, ce qui n'est pas étonnant étant donné que la plante est venue d'Europe et ne s'est jamais tout à fait naturalisée. Quoique certains jurent qu'il en existe une variété indigène de l'Amérique du Nord.

On connaît l'importance du houblon dans la fabrication de la bière. En effet, employé depuis le Moyen Âge pour aromatiser cette boisson - qui, jusque-là, portait le nom de cervoise - il a remplacé toutes les autres plantes (les achillées, aurone, genévrier, cirier, buis, gentiane, lierre terrestre de ce monde) qui servaient jadis à cette fin. En plus d'apporter une agréable amertume à la bière, il la protège, dans une certaine mesure, contre la prolifération de diverses bactéries Gram-positives qui risqueraient d'entraîner sa détérioration.

Ce que l'on sait moins, c'est que le houblon a aussi servi à fabriquer du levain pour le pain, le fameux sourdough (littéralement « pâte aigre ») que prospecteurs, trappeurs et coureurs des bois emportaient précieusement avec eux dans leurs lointaines expéditions. Précieusement parce que le levain, c'était ce qui faisait toute la différence entre une galette de pain insipide et dure et une miche à pâte moelleuse, exquisément ponctuée de centaines de petits trous d'aération, tendre à souhait et extrêmement goûteuse.

D'ailleurs, en Alaska et dans le Nord-ouest canadien, le terme sourdough en est éventuellement venu à désigner les chercheurs d'or eux-mêmes, plus exactement les vétérans, les « vieux-de-la-vieille » qui avaient tout vu, à cause, justement, de leur attachement à ce précieux levain qui leur permettait de fabriquer non seulement le pain, mais tout un assortiment de produits de boulangerie (crêpes, gaufres, moufflets, gâteaux, etc.) lorsqu'ils s'arrêtaient pour camper.

Rendu pragmatique par la force des choses, le sourdough mettait sa pâte à pain à lever dans une « batée », récipient qui servait normalement à laver les sables aurifères pour en extraire de l'or. Il la couvrait ensuite d'une deuxième « batée » et enfouissait tout cet appareil dans les braises. Une demi-heure à une heure plus tard, il sortait du feu une miche ayant pris la forme légèrement conique de la batée. Il paraît que son bonheur était tout entier contenu dans cette belle miche chaude qui allait lui permettre une fois de plus de ne pas s'endormir le ventre creux. Voyez notre recette dans Documents associés.

Et ça soigne quoi?

Diurétique, tonique, stimulant et narcotique, le houblon a été employé contre le rachitisme, l'anémie, les faiblesses générales, dans les convalescences, contre l'inappétence (particulièrement chez les enfants), contre l'insomnie et les dérangements nerveux accompagnés de troubles du sommeil, ainsi que contre les dyspepsies ou gastropathies d'origine nerveuse et les tremblements nerveux. Enfin, on s'en est servi comme anaphrodisiaque, particulièrement chez les hommes.

On l'a employé, par voie externe, pour soigner la goutte, les rhumatismes ainsi que les maladies de peau. L'onguent de houblon était réputé pour soigner les ulcères cancéreux, mais aussi les contusions, les foulures et les entorses, tandis que les fomentations et les cataplasmes, en mélange avec une substance émolliente, soignaient les enflures. En outre, on le conseillait aux nourrices souffrant d'insuffisance lactée, car il était censé stimuler la production de lait.

Les propriétés anaphrodisiaques (et galactogènes) du houblon tiennent à la présence de substances phytoestrogéniques dans la plante. Ces mêmes propriétés ont également permis de soigner certains troubles sexuels d'origine nerveuse chez les hommes (pollution nocturne, éjaculation précoce). On croit même que la plante pourrait être utile dans les cas de déviance sexuelle, notamment chez les prédateurs sexuels (une sorte de castration « chimique » naturelle, quoi!). En passant, ce sont ces mêmes effets qui font que la bière a la réputation d'endormir la libido de l'homme...

En médecine, on a employé soit les cônes, soit le lupulin, ce dernier étant plus apprécié des médecins et pharmaciens parce qu'il occupait nettement moins d'espace dans les officines, tandis que le brave peuple, lui, préférait les cônes. On en tirait diverses préparations médicinales, dont l'extrait et la teinture de cônes, ainsi que l'oléorésine, la teinture ou l'extrait fluide de lupulin. Ou le Pulvinar Humili qui, sous ses grands airs latins, était en fait un simple coussin rempli de cônes qui était prescrit pour combattre l'insomnie et que l'on mettait près de sa tête au moment de se coucher. Par ailleurs, placé sur l'abdomen des tout-petits, le coussin soulageait leur mal de ventre et, conséquemment, les aidait à s'endormir.

À la maison, la meilleure façon de préparer le houblon est de faire une infusion à raison de 30 g de cônes par litre d'eau bouillante. On infuse dix minutes. Soulignons toutefois que certains préconisent la macération à froid pendant 12 à 24 heures, histoire de préserver les principes volatiles de la plante. Pour combattre l'insomnie, on prend une tasse d'infusion ou de macération avant le coucher. Pour tous les autres problèmes, on prend une tasse avant les repas.

En cas de rhumatisme ou d'arthrite, on peut faire chauffer légèrement les cônes à sec et les placer dans un sac de tissu (une taie d'oreiller, par exemple) qu'on appliquera sur les parties douloureuses.

Il est conseillé de remplacer les cônes de houblon au bout de quelques mois, car leur activité diminue rapidement avec le temps, quand elle ne se transforme pas carrément. Ainsi, dans certains cas, les cônes récoltés depuis plusieurs mois peuvent, de façon tout à fait paradoxale, exercer des effets excitants chez certaines personnes sensibles.

Au Japon et en Chine, on utilise la variété H. japonicus (parfois appelé H. scandens) comme tonique de l'appareil génito-urinaire. C'est un remède traditionnel chinois pour le traitement de la tuberculose, la diphtérie, la typhoïde, un antibactérien contre les infections - cystite, mastite, amygdalite, rhume, toux, malaria dysenterie. On l'emploie également comme diurétique ainsi que pour soigner l'éjaculation précoce. Il s'agit d'une variété annuelle tandis que H. lupulus est vivace.


 

Lierre terrestre

 Lierre terrestre

Le houblon n'est pas tout

Jusqu'au 13e siècle environ, avant que le houblon ne devienne l'ingrédient universel servant à aromatiser la bière, lui donner une certaine amertume, l'empêcher de tourner et la clarifier, d'autres plantes dont le lierre terrestre ont joué ce rôle. Je n'ai rien contre le houblon, mais je me surprends parfois à rêver que des brasseurs artisanaux renouent avec ces vieilles traditions, histoire d'apporter un peu de variété à la carte. En attendant, si vous fabriquez votre propre bière, aromatisez-la en ajoutant une ou deux poignées de la plante dans la cuve de fermentation primaire.

Par ailleurs très rafraîchissante, la plante sera d'une grande utilité durant la période caniculaire. Comme cette dernière tend à s'étirer de plus en plus - genre « mur à mur » de mai à octobre - la rondette pourrait bien devenir une des plantes les plus courues de l'été. Préparez-en une infusion que vous boirez chaude ou froide, avec un peu de miel peut-être. Ne vous laissez pas intimider par l'aspect huileux de la boisson, cela tient à la richesse en huile essentielle de la plante.

Les jeunes feuilles et les fleurs du lierre terrestre se mangent en salade. Ajoutez-les avec modération, leur arôme prononcé risquant de masquer les saveurs plus délicates des autres verdures.

Médicinal, vous avez dit?

Traditionnellement, on a largement employé le lierre terrestre pour soigner les affections pulmonaires (bronchites chroniques, asthme) y compris la tuberculose. Il a également servi à soigner l'atonie gastrique, les affections urinaires (calculs) et les leucorrhées. Par voie externe, on l'a utilisé pour soigner les abcès et les furoncles.

On prépare une infusion à raison de deux cuillerées à thé de la plante par tasse d'eau. Infuser 10 minutes et prendre 3 ou 4 tasses par jour, entre les repas. On prend la teinture à raison de 4 cuillerées à thé par jour. On peut également extraire le suc frais de la plante et en prendre 40 à 50 g par jour.

Les feuilles fraîches seront utilisées en cataplasmes sur les abcès et les furoncles.

Pour vos provisions d'hiver, récoltez la plante en fleurs le matin, dès que la rosée est évaporée, et faites-la sécher à l'obscurité sur une toile moustiquaire montée sur un cadre. Conservez-la dans un bocal de verre à l'abri de la lumière et de l'humidité.

Avec le millepertuis et la racine d'aunée, le lierre terrestre sert à confectionner une tisane contre la bronchite. Nous reviendrons sur ces deux autres plantes un peu plus tard dans la saison. Pour l'instant, attachez-vous à récolter du lierre en quantité suffisante et à le faire sécher.


Lichens

 Lichens

Son nom

Bien qu'il y ait une infinité d'espèces de lichens sur la planète, on connaît encore relativement peu ce groupe de plantes qui se situent à mi-chemin entre le champignon et l'algue, ou plutôt qui sont le produit de l'un et de l'autre, avec tous les avantages que cette union comporte, notamment celui de secréter des substances inconnues des deux autres. Encore peu développée, la lichénologie, ou science des lichens, mériterait certainement qu'on lui accorde plus d'intérêt. En effet, jusqu'à présent, on a isolé dans ces végétaux des principes antibiotiques, antiseptiques et amers. Qui sait quels autres talents ils font fructifier à l'abri de leur thalle grisâtre?

Les lichens servent à la teinture végétale depuis des siècles. En général, plus difficiles à extraire que ceux des plantes vasculaires, leurs pigments sont par contre plus résistants à la lumière et à l'eau. Ce sont eux qui donnent aux tweeds irlandais et écossais ces tons si particuliers de lande anglaise à l'automne.

En passant, qui dit pigments dit habituellement antioxydants - qu'on pense au bêtacarotène, au lycopène, aux flavonoïdes, à la chlorophylle, aux anthocyanes. Pourquoi les pigments des lichens échapperaient-ils à cette règle?

Leurs noms

« Lichen » vient du latin qui l'a lui-même emprunté au grec leikhên, qui veut dire « lécher », à cause de la façon qu'ont ces végétaux de s'accrocher aux rochers ou aux arbres sur lesquels ils poussent.

Les Umbilicaria et les Actinogyra portent au Québec le nom de « tripe de roche », probablement en référence à « tripe de velours », expression rare, d'origine obscure, qui désigne une sorte d'étoffe.

Les Cladina portent le nom de « mousse » ou « lichen de caribou » du fait qu'ils constituent une nourriture d'hiver très importante pour ce cervidé.

Leur rôle dans l'équilibre écologique

Comme ils peuvent pousser sur des milieux extrêmement arides - on ne fait pas plus ingrat que les roches nues - on considère les lichens comme des végétaux pionniers à la suite desquels d'autres êtres vivants pourront se développer. En retenant avec leurs thalles un peu de sable par-ci, un peu de terre par-là, et en se décomposant tranquillement quand ils atteignent l'âge de disparaître, ils créent graduellement un milieu moins austère qui permettra l'établissement de plantes plus exigeantes.

Ne me dites pas que ça se mange!

Eh oui! Tous les peuples des pays nordiques savaient qu'ils pouvaient compter sur les lichens en cas de nécessité et, aussi loin que la mémoire collective pouvait remonter, on se rappelait ces hivers de disette où il avait fallu se contenter de lichens chichement assaisonnés de baies de ceci ou de graisse de cela. Aujourd'hui, plus personne ne les consomme, mais il est bon de savoir qu'ils existent et qu'ils peuvent parfois faire la différence entre la vie et la mort. Et puis, franchement, une fois désamérisés, ils ne sont pas mauvais du tout, particulièrement si on en fait une gelée aromatisée au jus de fruits ou de légumes frais (voir notre recette dans Documents associés). Ou au chocolat.

Pour les apprêter, il suffit de les faire cuire une première fois dans de l'eau, puis de jeter cette eau et de recommencer la cuisson, dans de l'eau ou de la graisse. Une autre technique consiste à ajouter des cendres ou du bicarbonate de soude à la première eau de cuisson. Une fois que les lichens sont bien cuits, on obtient un bouillon, épais et mucilagineux à souhait, auquel on ajoutera légumes, légumineuses et céréales au choix. Ou bien on les fera sécher, puis on les réduira en poudre, laquelle pourra être ajoutée à de la pâte à pain ou à de la soupe.

En plus d'être amers, les lichens sont généralement difficiles à digérer, car ils renferment des polysaccharides complexes que l'organisme a parfois du mal à dégrader. La cuisson prolongée permettait d'atténuer ce problème. Dans certains cas, les lichens étaient mis à cuire pendant vingt-quatre heures dans une fosse souterraine d'où ils ressortaient tout pimpants sans une once d'amertume et complètement « dépolysaccharidés », c'est-à-dire dégradés en sucres simples. Enfin, certains lichens peuvent être toxiques à cause de la présence d'acide vulpinique ou usnéique dans leurs tissus. Encore une fois, les Amérindiens avaient mis au point une technique particulière pour atténuer ce problème : ils les faisaient tremper dans l'eau courante (celle d'un ruisseau ou d'une rivière, par exemple) puis les battaient contre les rochers ou au pilon pour les tremper de nouveau avant de les cuire.

D'une façon ou d'une autre, on avait compris que sous l'effet d'une consommation régulière plutôt qu'occasionnelle, l'organisme finissait par s'habituer aux lichens et les digérait mieux. Ce qui est vrai pour l'ail, les haricots secs et les choux l'est aussi pour les lichens.

Toutefois, le nec plus ultra consistait à les manger partiellement prédigérés. Comment? Simple : en les prélevant dans le rumen d'un caribou mort.

-Ah! non! Vous n'allez pas recommencer avec vos cochonneries!

-Écoutez, je n'y peux rien. C'est comme ça que les Inuits les préféraient. Non seulement les sucs gastriques de l'animal avaient-ils réduit à néant les intentions malfaisantes des lichens mais, de plus, on trouvait, dans le même « récipient », si je puis m'exprimer ainsi, divers lichens (généralement des Cladina rangiferina et des Cetraria), des champignons, de la prêle, des carex, des graminées, des feuilles et des jeunes pousses de saule, de bouleau et de bleuet, ainsi que toutes sortes d'autres végétaux, le tout prémalaxé, préemballé, pratiquement prêt à manger. Pour ceux qui savaient l'apprécier, il s'agissait d'un mets d'une extrême délicatesse, tout en arômes et en saveurs complexes.

-C'est proprement dégoûtant!

-Je vous conseille de vous renseigner sur ce que renferment les aliments que vous mangez jour après jour. On trouve là-dedans un tas d'ingrédients pas catholiques du tout, voire carrément illicites, tout cela présenté sous un dehors tellement anodin qu'on leur donnerait le bon Dieu sans confession. Et puis, question variété, l'intérieur d'un rumen de caribou, ça bat le Guide alimentaire canadien haut la main! Et pas de longue préparation - rien à hacher, couper, blanchir. Suffit de réchauffer.

-Ah! ça, si vous me prenez par les sentiments!

Chez les Salish de la Colombie-Britannique, on confectionnait une sorte de pudding composé d'amélanches, de graisse de cerf, de lichen « poil d'ours » (Bryoria fremontii), ainsi que de bulbes du lis tigré et de ceux d'une espèce d'érythrone.

Les Jésuites et autres explorateurs français connaissaient bien la tripe de roche (Actinogyra spp., Umbilicaria spp.), dont ils avaient appris le mode d'emploi des Inuits, des Hurons, des Naskapi et des Cris de la baie d'Hudson. Pour l'apprêter, on la lavait d'abord, puis on la défaisait en petits morceaux avant de l'ajouter aux soupes et aux bouillons avec du poisson, des œufs de poisson ou du sang de caribou.

Et ça soigne quoi?

On a employé en médecine de nombreux lichens dont les usages étaient déjà connus des anciens Égyptiens. Au fil des siècles et de l'évolution de la médecine moderne, ces usages se sont perdus, si bien qu'au début du XXe siècle, il ne restait pratiquement plus que la mousse d'Islande (Cetraria islandica) à figurer dans les Matières médicales.

Lorsqu'elle n'est pas débarrassée de son principe amer, la mousse d'Islande est antivomitive, stomachique, fébrifuge et tonique (stimulant du système nerveux central) ainsi qu'antianémique. On l'a employée pour calmer les vomissements des migraineux et ceux de la grossesse, les sueurs nocturnes, l'anémie et la fatigue générale. L'association principe amer et mucilage la rendent, en outre, particulièrement utile pour soigner les problèmes gastriques.

Débarrassée de son principe amer, elle est diurétique, émolliente, expectorante et fortifiante. On l'a employée pour soulager la tuberculose pulmonaire, les irritations de la gorge, les diarrhées, notamment celles des enfants en sevrage, les maladies chroniques des intestins, la dyspepsie, la fatigue générale. On s'en est servi avec succès pour soigner les catarrhes bronchiques chroniques avec irritation récurrente, particulièrement chez les personnes âgées et les asthéniques. En Europe, notamment en Allemagne, les pastilles contre la toux à base de mousse d'Islande sont chose courante.

Quand on veut préserver son principe amer, on évite de la faire bouillir. Une simple infusion à l'eau chaude ou, mieux encore, une macération à l'eau froide conviendra.

L'infusion, la macération et la décoction se préparent à raison de 20 grammes par litre d'eau. Pour la décoction, faire bouillir, jeter l'eau, laver à l'eau froide et faire bouillir à nouveau dans 1 1/2 litre d'eau pendant 30 minutes. Édulcorer avec 100 grammes de miel. Pour les deux autres préparations, laisser infuser ou macérer dix minutes, filtrer et édulcorer. Prendre 3 à 4 tasses par jour.

Parmi les autres espèces employées jadis en médecine, mentionnons le lichen des murs (Parmelia parictina), aux propriétés semblables à celles de la quinine, la pulmonaire des chênes, dite crapaudine (Lobaria pulmonaria) qui, comme son nom l'indique, soignait les maladies pulmonaires, la mousse de caribou ou lichen des rennes (Cladina rangiferina), ainsi que diverses usnées (Usnea spp.), dont l'usnée du crâne humain, ou lichen entrelacé (Usnea plicata) qui...

-Attendez là, vous avez bien dit l'usnée du crâne humain?

-Exact. Les soeurs de la Providence écrivent qu'elle « croît quelquefois sur les crânes humains et autres lieux », et qu'elle...

-Et autres lieux? Vous croyez que les autres lieux en question se trouvent aussi sur le squelette humain?

-Franchement, je ne saurais dire. Déjà que j'ai du mal à imaginer comment on a bien pu ramasser du lichen sur des crânes humains...

Enfin, on a trouvé dans un autre lichen (Buella canescens) un principe antibiotique permettant de combattre le bacille de Koch (tuberculose). D'ailleurs, on a découvert assez récemment que les acides amers des lichens possédaient de remarquables propriétés antibactériennes, notamment dans les infections intestinales. En effet, n'étant pas absorbés, ces principes restent en contact prolongé avec les microbes indésirables qui squattent les intestins, d'où leur efficacité.


Hêtre

  Hêtre

Son nom

« Hêtre » vient du francique hester qui signifie « jeune arbre ». En ancien français, il portait le nom de « fou ». Dérivé du grec, le nom latin de l'espèce, fagus, veut dire « manger » par allusion à son fruit-noix qui est comestible. On lui a attribué d'autres noms vernaculaires - foyau, foyard, fagette, faillette - tous plus ou moins dérivés de « fou » et de « fagine », terme qui désigne le fruit et qui a éventuellement donné « faîne », littéralement « gland de hêtre ».

Et ça se mange?

Les jeunes feuilles du printemps sont tendres et ont une saveur agréable, qui sera mise en valeur dans les salades.

On dit que l'écorce intérieure est comestible, mais on rapporte peu d'usages dans ce sens. En Scandinavie, on a fait du pain avec de la sciure de hêtre bouillie, séchée au four, pulvérisée et mélangée à de la farine. Dieu, que les temps devaient être durs pour en être réduits à manger de la sciure!

À une époque lointaine, on recueillait l'eau qui stagnait dans les parties creuses du hêtre pour soigner les escarres, que ce soit chez les humains, les chevaux, les chèvres ou les moutons.

De façon générale, tant en Europe qu'en Amérique, on s'est servi de l'infusion des feuilles ou de l'écorce du hêtre pour laver les plaies, enflures et irritations de tout acabit.

Si l'écorce et les feuilles de hêtre n'ont guère eu de renommée, la créosote, substance tirée du goudron provenant de la distillation du bois, a été largement employée en médecine. Celle que l'on tirait du goudron de hêtre était réputée pour être la meilleure de toutes. On lui attribuait des propriétés astringentes, irritantes, narcotiques, antiseptiques, ondotalgiques et escarotiques (contre les escarres). On savait qu'elle cautérisait rapidement les muqueuses avec lesquelles elle était mise en contact. Par voie interne, on l'employait dans la dysenterie, la diarrhée, la tuberculose et les maladies respiratoires, le choléra, la blennorragie et les autres affections du même genre, les nausées et les vomissements des « hystériques » et des femmes enceintes, ainsi que dans le mal de mer.

Les usages par voie interne étaient nombreux : dans les hémorragies causées par les « piqûres des sangsues » et les coupures, en injections dans la matrice pour les pertes utérines, les fièvres puerpérales, etc., dans les oreilles pour l'ulcération du méat extérieur et pour la surdité due au « manque de cérumen », aussi en injection pour les ulcères fistuleux. En lotion sur les ulcères scrofuleux, syphilitiques, cancéreux et indolents, sur la « pustule maligne », les engelures, l'érysipèle, les brûlures, surtout si elles suppuraient beaucoup, et sur les plaies menacées de gangrène. En gargarisme, dans les maux de gorge putrides, la diphtérie, etc., en onguent, pour les maladies de peau.

Ce sont les faînes qui présentent le plus grand intérêt culinaire. D'abord parce qu'elles renferment une huile comestible qui, contrairement aux autres huiles, a la particularité de se conserver longtemps, voire de se bonifier avec le temps.

Ensuite parce qu'elles sont excellentes telles qu'elles. Chez nous ainsi que chez nos cousins du sud, elles ont fait l'objet d'un certain commerce. Il fut un temps, paraît-il, où on les trouvait dans la majorité des épiceries de campagne. Pour les cueillir, on attendait qu'elles commencent à tomber, puis on étendait au sol des toiles ou des couvertures, histoire de s'éviter les 40, voire les 60 mètres d'escalade qu'il aurait fallu se taper pour les ramasser directement sur l'arbre. Bien sûr, cela voulait dire qu'une partie de la récolte irait aux écureuils, mais on pouvait toujours se consoler en se disant que, un jour ou l'autre, si la faim tiraillait trop et que la perdrix venait à manquer, l'écureuil se retrouverait à griller sur la broche ou à rôtir dans les braises...

Dans toute l'aire qu'occupe l'arbre (l'est du Canada et des États-Unis), les Amérindiens consommaient les faînes, crues ou cuites, ou les écrasaient pour les ajouter à la pâte à pain ou aux gâteaux. Durant l'hiver, ils n'hésitaient pas le moins du monde à piller les caches de la souris sylvestre - Peromyscus maniculatus, de son petit nom. Il faut dire que ce minuscule rongeur a les yeux pas mal plus grands que la panse, car il lui arrive de faire des réserves astronomiques. On a vu, dans un seul endroit, de huit à dix litres de ces petites noix empilées en tas plus ou moins pyramidaux. Les Amérindiens n'avaient pas besoin d'un sens exceptionnel de la traque pour repérer une cache, Peromyscus ayant eu la courtoisie de leur indiquer le chemin en laissant traîner sur la neige les écales des faînes tout juste grignotées.

À noter qu'il ne faut pas abuser des faînes, car elles renferment une substance irritante qui, à hautes doses, peut causer des malaises gastro-intestinaux. L'huile, par contre, en serait entièrement dépourvue.

Et ça soigne quoi?

Contrairement à diverses autres écorces, celle du hêtre ne semble pas avoir fait un stage remarqué dans la médecine classique, tant en Europe qu'en Amérique. Elle échappe même à la Matière Médicale des sœurs de la Providence, dont le souci d'exhaustivité est pourtant indéniable.

Par contre, dans la médecine populaire, on l'a largement employée. À cause de ses propriétés fébrifuges, on s'en est servi comme succédané du quinquina dans le traitement de la malaria. C'est aussi un antiseptique général et pulmonaire, un vermifuge, un astringent et, à fortes doses, un purgatif. Outre dans le paludisme, on l'a employée contre divers autres parasites intestinaux, ainsi que dans les affections pulmonaires et dans la diarrhée.

On préparait l'écorce sous forme de décoction, à raison de 30 grammes par litre d'eau, qu'on faisait bouillir jusqu'à réduire de moitié. On prenait deux tasses par jour.

Les Amérindiens se servaient d'une compresse trempée dans la décoction de l'écorce pour soigner les démangeaisons cutanées, particulièrement celles qui sont provoquées par l'herbe à puce.

Les feuilles étaient appliquées sur les enflures, les ampoules et les excoriations. On les mâchait pour soigner les gerçures aux lèvres et les douleurs aux gencives. Les premiers colons appliquaient les feuilles directement sur les brûlures, ou en préparaient une décoction qui soignait tant les brûlures que les engelures.

À une époque lointaine, on recueillait l'eau qui stagnait dans les parties creuses du hêtre pour soigner les escarres, que ce soit chez les humains, les chevaux, les chèvres ou les moutons.

De façon générale, tant en Europe qu'en Amérique, on s'est servi de l'infusion des feuilles ou de l'écorce du hêtre pour laver les plaies, enflures et irritations de tout acabit.

Si l'écorce et les feuilles de hêtre n'ont guère eu de renommée, la créosote, substance tirée du goudron provenant de la distillation du bois, a été largement employée en médecine. Celle que l'on tirait du goudron de hêtre était réputée pour être la meilleure de toutes. On lui attribuait des propriétés astringentes, irritantes, narcotiques, antiseptiques, ondotalgiques et escarotiques (contre les escarres). On savait qu'elle cautérisait rapidement les muqueuses avec lesquelles elle était mise en contact. Par voie interne, on l'employait dans la dysenterie, la diarrhée, la tuberculose et les maladies respiratoires, le choléra, la blennorragie et les autres affections du même genre, les nausées et les vomissements des « hystériques » et des femmes enceintes, ainsi que dans le mal de mer.

Les usages par voie interne étaient nombreux : dans les hémorragies causées par les « piqûres des sangsues » et les coupures, en injections dans la matrice pour les pertes utérines, les fièvres puerpérales, etc., dans les oreilles pour l'ulcération du méat extérieur et pour la surdité due au « manque de cérumen », aussi en injection pour les ulcères fistuleux. En lotion sur les ulcères scrofuleux, syphilitiques, cancéreux et indolents, sur la « pustule maligne », les engelures, l'érysipèle, les brûlures, surtout si elles suppuraient beaucoup, et sur les plaies menacées de gangrène. En gargarisme, dans les maux de gorge putrides, la diphtérie, etc., en onguent, pour les maladies de peau.

Fiou! Heureusement que ces maladies-là n'existent plus! Sinon on ferait quoi sans créosote de hêtre?


Grémil

 Grémil

Son nom

Lithospermum signifie « graine de pierre », par allusion aux petites graines - des nucules, plus exactement - très dures que la plante produit à l'aisselle des feuilles.

Le nom français est composé de deux éléments, un premier au sens plutôt obscur, probablement « grès » ou « grâ », qui serait la forme languedocienne du mot « grain » et le deuxième, « mil », de « millet ».

On l'a aussi appelé « herbe aux perles » (toujours à cause de ses petites graines dures qui, dans le cas de quelques espèces, sont blanches), « thé d'Europe, de Croatie ou de Fontainebleau » (probablement parce que son infusion a déjà été en vogue), « herbe aux yeux » (en raison de l'un de ses usages médicinaux), « graines de lutin » (au Québec seulement, semble-t-il, à cause du pouvoir qu'on lui attribuait de dissoudre les calculs, encore que le lien m'échappe...) et « chérie » (dont le sens deviendra évident plus loin).

En plus du nom commun gromwell, dérivé du français, les anglophones l'appellent parfois puccoon, mot emprunté en fait à une langue algonquienne parlée dans l'État de Virginie.

Et ça se mange?

Il paraît que les jeunes feuilles se mangent, mais l'usage est peu attesté. Dans certaines tribus amérindiennes, on consommait les nucules. Les Nlaka'pamux de Colombie-Britannique mangeaient la racine d'une variété proche, le Lithospermum incisum. En France, la racine a servi à colorer le beurre.

Et ça soigne quoi?

La plante serait diurétique et dissoudrait les calculs biliaires et urinaires. Elle soignerait les rhumatismes et la goutte. On l'a également employée en usage externe pour éliminer les corps étrangers dans l'œil.

L'infusion se prépare à raison de 2 cuillérées à soupe de plante entière par tasse. Infuser 20 minutes; prendre une tasse après les repas. En cas de corps étranger dans l'oeil, on recommandait de placer une nucule sèche sous la paupière. En contact avec l'humidité de l'œil, une membrane mucilagineuse se forme à la surface de la graine, captant le corps étranger qui se trouve expulsé avec elle.

Toutefois, c'est peut-être comme contraceptif que le grémil pourrait nous être de la plus grande utilité. Cet emploi traditionnel est attesté en Afrique et en Inde, de même que chez diverses nations amérindiennes, bien qu'on n'en trouve généralement pas mention dans les « matières médicales ». Surtout s'il s'agit de manuels produits par des religieux ou religieuses, cela va de soi.

C'était la racine qu'on prenait après l'avoir fait macérer dans l'eau froide. Le degré de stérilité obtenu variait en fonction de la dose et de la durée du traitement. Chez les Amérindiennes, la méthode traditionnelle consistait à prendre la macération pendant six mois, après quoi elles étaient supposées être infertiles pour toujours. Dans d'autres tribus, les femmes consommaient tout simplement un petit morceau de racine chaque jour.

Dans les années 1940, 1950, 1960 et 1970, on a mené pas mal d'expériences sur des animaux (souris et poulettes) et quelques autres sur des femmes, avec des résultats particulièrement convaincants, mais, pour des raisons obscures, elles n'ont jamais débouché sur des études plus poussées. On a notamment découvert que la plante inhibait l'hormone lutéinisante (ou gonadotropine B), dont le rôle est de provoquer la rupture des follicules et de favoriser la formation du corps jaune. Que, contrairement à ce que voulait la tradition, les fleurs et les semences étaient les parties les plus actives, les racines venant en troisième place, avant les feuilles ou la plante entière. Que les racines étaient plus efficaces si on les récoltait en septembre plutôt qu'en août. On a également mis au point un extrait lyophilisé qui, à l'abri de l'humidité, conserve sa pleine efficacité pendant une dizaine d'années. Bref, tout est en place pour que le grémil obtienne le plein statut de contraceptif humain, mais rien n'est fait pour qu'un extrait fiable soit accessible aux femmes qui souhaiteraient l'employer.

Et pourtant, entre le mercure que, dans la Chine ancienne, on devait faire frire toute une journée dans l'huile avant d'en avaler l'équivalent d'une graine de jujube - ce qui avait pour effet, au mieux, de vous rendre folle -, les crottes de crocodile séchées qu'en Égypte on absorbait, probablement en conjonction avec une colonie de coliformes létaux, et les innombrables potions à base de plantes vénéneuses qu'on a prises au fil des siècles et dont une dose juste un peu trop élevée suffisait à vous envoyer au tombeau, le grémil fait figure de contraceptif idéal. En outre, comme ses principes actifs ne sont pas des substances hormonales, il ne provoque aucun des effets indésirables associés aux anovulants de synthèse.

De plus, à cause de son action particulière sur les autres hormones sécrétées par le lobe antérieur de l'hypophyse, on croit qu'il pourrait être utile dans le traitement de l'hyperthyroïdie, la maladie de Graves-Basedow, notamment, qui afflige tout particulièrement les femmes et qui se manifeste par l'apparition d'un goitre exophtalmique on ne peut moins esthétique.

Voilà!

« Eh oh! Minute! Et le nom de « chérie », il vient d'où? »

Ah! oui, c'est vrai, j'oubliais. Ironie des ironies, le pigment rouge vif que comprend la racine était traditionnellement utilisé par les jeunes filles des campagnes d'Europe comme fard à joues et rouge à lèvres. C'est-y pas beau ça? Regardez-moi, désirez-moi, aimez-moi, mais pour les petits, vous repasserez!


Graine de carvi

 Graine de carvi

Son nom

Carum ferait référence à la Carie, non pas la dentaire, mais la grecque, c'est-à-dire cette colonie d'Asie Mineure où la plante était abondante. Carvi viendrait de karâwiyâ, mot d'origine arabe signifiant « racine à sucre ».

Bien sûr que ça se mange!

Vieux comme le monde, puisqu'on en a retrouvé des traces sur des sites préhistoriques, le carvi est surtout populaire dans les cuisines d'Allemagne ainsi que dans celles d'Europe de l'Est et du Nord. Il est plutôt mal aimé ailleurs et c'est dommage, car il s'agit d'une plante « condimentaire » très polyvalente qui rehausse la saveur de nombreux aliments tout en les rendant plus digestes.

Ce qui n'empêche pas l'industrie alimentaire d'en faire largement emploi, particulièrement dans certains fromages (le Munster, notamment) et certains alcools (le kummel, apprécié pour ses propriétés digestives) ainsi que dans les pains et les gâteaux. Le pumpernickel, ce pain noir fait de seigle broyé et contenant tout le son du grain, est souvent aromatisé au carvi. En passant, le pumpernickel aurait été créé à Usnabrück lors de la tristement célèbre famine de 1400 par un boulanger du nom de Nikolaus. On croit que « Pumper » est une onomatopée évoquant l'action de la levure tandis que « nickel » serait une abréviation du prénom du boulanger.

Les graines de carvi s'entendent particulièrement bien avec les pommes de terre, le chou sous toutes ses formes, les carottes, les betteraves (voir notre recette dans Documents associés) et les champignons ainsi qu'avec les saucisses et les viandes grasses (mouton, porc, canard, oie). Les jeunes feuilles et la racine se consomment également. Finement ciselées, les premières agrémenteront une salade, une soupe ou un ragoût, tandis que la seconde se mangera en légume, comme la carotte, le navet ou le panais. On rapporte aussi que les Woods Cree de la Saskatchewan auraient employé les graines pour assaisonner la bannique.

On connaît au moins deux autres espèces alimentaires de Carum, soit le Carum roxburgianum (ajmud, en hindi), dont la graine est prisée par les Indiens dans les chutneys, les currys et les marinades, et le Carum copticum (ajowan, en hindi), qui sert aux mêmes usages ainsi que pour la préparation de confiseries et de boissons. Toutefois, ces espèces n'étant pas indigènes chez nous, elles devront être cultivées.

t ça soigne quoi?

En dehors d'appartenir tous trois au règne végétal, les haricots secs, le chou et l'oignon cuits ont en commun de provoquer des émois intestinaux dont la magnitude est plus ou moins importante selon les individus. Cela va de la simple expulsion venteuse, tout à fait inodore et insonore, à la pétarade tonitruante aux effluves soufrés... et souffrants, en passant par la détestable « vesse » (il paraît que c'est le terme exact pour désigner les gaz silencieux qui répandent une mauvaise odeur. Les fuses, quoi!).

Pour contrer ces effets hautement indésirables, le carvi n'a pas son pareil. Stimulant, antispasmodique et surtout carminatif, il soigne l'inappétence, les dyspepsies nerveuses, les spasmes gastriques, l'aérophagie, le météorisme et les parasites intestinaux. Le Dr Fritz Weiss affirme que c'est la plante carminative la plus fiable dont nous disposions.

On peut soit ajouter les graines directement aux mets coupables - comme par hasard, elles accompagnent particulièrement bien le chou et la choucroute -, soit en mastiquer quelques-unes à la fin du repas, soit en faire une infusion en prenant soin de les broyer d'abord dans un mortier ou un moulin à épices afin de libérer leur huile essentielle; dans ce dernier cas, on infusera pendant dix minutes 1 c. à thé de graines broyées par tasse d'eau.

Et puis rien n'interdit d'avoir toujours avec soi une réserve de graines, qu'on conservera dans une petite boîte de métal ou un flacon de verre, histoire de faire face aux urgences en toute sérénité et équanimité.

Assez doux pour être administré aux bébés, le carvi soulagera leurs douloureuses coliques. Préparez-le seul ou, mieux encore, en association avec la graine de fenouil, la fleur de camomille et la feuille de menthe poivrée, à raison de 25 g de chacune des quatre plantes. Infusez 1 c. à thé du mélange par tasse d'eau. Remplissez-en un biberon et laissez le bébé en boire à volonté.

Les deux autres espèces de Carum dont il a été question ci-dessus ont également des propriétés médicinales. Les graines de la première sont carminatives tandis que celles de la deuxième sont employées pour soigner le mal de gorge, la bronchite et la toux.


le ginseng

le ginseng

Son nom

Panax vient du grec pan, « tout », et akos, « soigne, guérit », qui, en français, a donné « panacée ». Chez les Romains, Panacea était la fille d'Esculape, dieu de la médecine.

Quant à « ginseng », il vient du chinois jen-shen, littéralement « plante-homme », par allusion au fait que les Chinois prisent tout particulièrement les racines dont la forme rappelle celle de l'être humain. À cause probablement d'une déformation linguistique, au Québec, on l'a appelé « ninzin », puis « ninzin aralié » (« aralié », parce qu'il appartient à la famille des araliacées). En passant, le terme « araliacées » dériverait d'un mot amérindien. Il aurait été communiqué à un botaniste français par un de ses confrères québécois pour finalement faire partie de la terminologie botanique officielle.

Il semble que notre espèce, le Panax quinquefolius (ou ginseng à cinq folioles) présente à peu près les mêmes caractéristiques que l'espèce asiatique, bien que certains lui attribuent des effets différents. Nous possédons également une autre espèce, le Panax trifolius, appelé « petit ginseng » ou « ginseng à trois folioles », dont la racine est plus petite et entièrement ronde mais elle n'a fait l'objet d'aucun commerce d'importance.

Et ça se mange?

À ma connaissance, il n'existe pas d'emplois culinaires pour le ginseng, ni chez les Amérindiens ni chez les Asiatiques, qui le considèrent comme un médicament en bonne et due forme. On a toutefois rapporté que certaines personnes en mâchaient volontiers, particulièrement lorsque la racine est fraîchement récoltée car elle est alors agréablement sucrée.

Dans la tradition macrobiotique, on consomme une boisson, le thé mu, qui renferme 16 plantes, dont le ginseng. Mais la consommation de ginseng pur n'est pas recommandée sur une base quotidienne.

Et ça soigne quoi?

Inutile de rappeler que les Asiatiques le considèrent comme un excellent aphrodisiaque, particulièrement pour les hommes dont la virilité s'estompe avec l'âge, les pôvres! De façon générale, la tradition orientale en fait un tonique particulièrement adapté aux personnes âgées, que ce soit pour rétablir un bon niveau de performances physiques ou une bonne activité mentale. Pour les Chinois, c'est le plus puissant des stimulants cordiaux, toniques, stomachiques et fébrifuges. Ils affirment qu'il « remplit le coeur d'hilarité », et que son emploi, même occasionnel, permet d'ajouter une dizaine d'années à la vie de quiconque en consomme.

Toutefois, la médecine traditionnelle chinoise le prescrit rarement seul, mais plutôt en mélange avec diverses autres plantes médicinales.

L'Europe a connu quelques vogues de ginseng, mais jamais comme l'Asie qui reste la région du globe où on le consomme le plus. En Amérique, on a employé le ginseng à cinq folioles pour ses propriétés toniques et stimulantes, particulièrement « pour relever les forces abattues par les excès », et pour stimuler la digestion. Toutefois, à la fin du XIXe siècle, son emploi dans la pratique régulière était à peu près abandonné. Aux États-Unis, il fut une époque où on l'estimait grandement pour soulager les problèmes digestifs. On lui attribuait la propriété de neutraliser le trop plein d'acide gastrique ainsi que les éructations désagréables qui en résultaient. Pour certains médecins, cette action avait aussi pour effet de soulager le rhume et les rhumatismes, ces dernières affections étant, selon les théories de l'heure, une conséquence directe d'un excès d'acide gastrique. Chose certaine, la plante mérite réellement d'être essayée dans les cas de troubles de l'estomac. On l'a également utilisée pour soulager les spasmes du hoquet et de l'asthme ainsi que les quintes de toux.

Bien que jamais attestés, les usages médicinaux du petit ginseng seraient, selon les Soeurs de la Providence, les mêmes que ceux du ginseng à cinq folioles.

La méthode traditionnelle chinoise pour préparer la racine de ginseng consiste à la débiter en copeaux que l'on place dans un récipient de grès. On verse de l'eau bouillante sur les copeaux et on place le récipient dans une casserole partiellement remplie d'eau (une sorte de bain-marie, en somme) et on chauffe le tout à petit feu pendant six heures. On l'a également préparée en la râpant finement et en ajoutant de ¼ à ½ c. à thé de cette poudre dans un quart de litre d'eau bouillante; ou encore en la brisant en petits morceaux que l'on fait cuire 45 minutes dans de l'eau bouillante, à raison de 3 c. à thé par tasse d'eau.

On peut également préparer une infusion avec les feuilles. Quant aux fleurs, qu'en principe on ne laisse s'épanouir que sur une faible proportion de plants afin d'obtenir une racine plus vigoureuse, les Coréens en préparent une tisane qui est hautement estimée.

Contre l'impuissance, on a recommandé de le prendre sous la forme de poudre pure, à raison de 2 g par jour à avaler avec du liquide ou une bouchée d'aliments au repas du midi. Faire des cures de trois semaines. Et si vous désirez conquérir l'homme ou la femme de votre vie, voici la recette d'un philtre d'amour absolument infaillible.

Philtre d'amour

Dans son Aromathérapie, le docteur Jean Valnet propose une recette de vin aphrodisiaque qui consiste à faire macérer pendant 15 jours 30 g de cannelle, 30 g de vanille, 30 g de ginseng et 30 g de rhubarbe dans un litre de vin de Malaga ou de vin vieux de Chablis. On filtre et on ajoute ensuite quinze gouttes de teinture d'ambre.

Si vous ne trouvez pas de rhubarbe ou de teinture d'ambre, remplacez-les par une branche de romarin, 3 pincées de thym, 3 pincées de noix muscade, quelques feuilles de menthe et une dizaine de pétales de rose, que vous ferez macérer avec les autres plantes.

Il n'est pas interdit d'ajouter au philtre de la bave de crapaud, laquelle ne consiste pas en ces petits dépôts d'écume qu'on trouve un peu partout sur les plantes pendant l'été puisqu'il s'agit là de sécrétions renfermant des œufs d'insectes. Non, il n'y a rien à faire, la bave de crapaud, il faut la prélever directement sur les crapauds.

Son mode de culture

Les semences de ginseng vendues dans le commerce sont généralement stratifiées, c'est-à-dire qu'elles ont été artificiellement gardées au froid afin de « briser » leur état de dormance. Ce qui a l'avantage de faire gagner un an sur la culture.

Si vous possédez de la terre et décidez d'y implanter du ginseng, le petit bouquin de A. R. Harding Ginseng and Other Medicinal Plants, d'abord publié en 1908, et qui a connu plusieurs rééditions, reste la référence de base.

Toutefois, si l'univers ne s'est pas montré particulièrement généreux à votre endroit et que vous ne possédiez qu'un bout de balcon, il est tout de même possible de cultiver du ginseng en contenant, en autant qu'il ne soit pas exposé à la lumière crue du soleil d'été et qu'il soit protégé des vents glacés de l'hiver.

 Semis de ginseng

Le ginseng se contentera également d'une cour à l'ombre, comme il y en a des tas dans les grandes villes, ou d'un petit bout de terrain à la campagne. Dans tous les cas, voici comment faire :


1) Préparez un bon terreau à base de terre à jardin, de mousse de tourbe (ou de terreau de feuilles mortes si vous pouvez mettre la main sur cette précieuse substance), de vermiculite et de sable horticole, à parts égales. Pour la culture en pot, utilisez les mêmes ingrédients, en plus d'ajouter un bon compost, qui entrera pour un tiers dans le mélange, et un peu de poudre d'os.

2) Remplissez de ce terreau des bacs de culture - de bois, de polystyrène, de fibre - ou des pots d'argile ou de plastique. Assurez-vous que vos contenants ont des trous pour le drainage.

3) Dans les bacs, semez vos graines à 2 cm ou 3 cm de profondeur et à 2 cm d'espacement. Dans les pots, mettez tout au plus une dizaine de graines par pot, qu'à la levée il faudra éclaircir de façon à n'avoir qu'un seul plant par pot.

4) Placez bacs ou pots à l'extérieur dans un endroit qui recevra la lumière du soleil au printemps. Pour les bacs, il n'est pas nécessaire que l'endroit soit très ombragé car vous transplanterez vos plants assez tôt la saison suivante. Pour les pots, placez-les dans un endroit ombragé ou assurez-vous de pouvoir les déplacer à la fin du printemps de l'année suivante.

5) En milieu rural, entourez bacs ou pots d'un grillage dont les mailles ont environ 1 cm (de type grillage de cage à lapin) afin d'éviter que les rongeurs n'en fassent leur festin d'hiver (les mulots sont très friands des graines; c'est même l'une des principales raisons de l'échec des cultures en semis direct).

6) Recouvrez le tout d'un épais tapis de feuilles mortes (15 cm).

7) Au printemps, enlevez le paillis et assurez-vous que la terre des bacs reste humide mais non détrempée. Quand les plants auront deux vraies feuilles, transplantez-les délicatement à 20 cm d'espacement, en utilisant un transplantoir pointu pour ouvrir le chemin aux jeunes racines. Comme on l'a dit plus haut, l'endroit doit être ombragé. S'il ne l'est pas, vous aurez pris soin de construire un abri assez élevé (au moins 2 m) recouvert tant sur les côtés que sur le dessus, de clôture à neige. L'espacement des lattes de bois permet d'apporter exactement le rapport lumière: ombre dont le ginseng a besoin pour s'épanouir.


Gingembre sauvage

 Gingembre sauvage

Son nom

Asarum signifie, paraît-il, « déplaisant », par référence au fait que la fleur n'est pas assez belle pour servir à l'ornement. Ah! Mais ce n'est point mon avis, alors là pas du tout. C'est, à mon sens, une des plus belles fleurs de notre flore indigène. Sauf qu'elle est minuscule et que, en plus, elle a le don de se cacher sous les feuilles, ce qui fait qu'il faut pratiquement se mettre à plat ventre pour l'observer. Une loupe n'est pas de trop non plus si on veut pouvoir en apprécier tous les détails.

Quant à son nom populaire de « gingembre sauvage », il est imputable à la saveur de sa racine, qui rappelle celle du vrai gingembre. Mais là s'arrête la comparaison puisqu'il s'agit de plantes complètement différentes, qui n'appartiennent pas à la même famille botanique.

Le vocable « cabaret » lui a aussi été attribué et se réfère au fait que les ivrognes s'en servaient pour se faire vomir au sortir du bistrot, histoire de s'épargner les foudres de « Madame leur épouse », laquelle ne manquerait pas de les attendre de pied ferme.

Les noms d'« oreille d'homme », « oreillette », « rondelle » doivent référer à la forme des feuilles ou quelque chose du genre. Le nom de « nard sauvage » fait allusion à son huile essentielle, extrêmement aromatique, qu'on emploie en parfumerie.

Et ça se mange?

En Caroline du Nord, on emploie les feuilles comme substitut du gingembre. Les Amérindiens l'employaient et l'emploient toujours - de même qu'une autre variété, l'A. caudatum - pour assaisonner certains plats, de viande ou de haricots notamment, qu'il rendrait plus digestes. Il a également servi à préparer une boisson amère aromatique.

Mais c'est confit, comme les tiges et les racines d'angélique, qu'il est véritablement à son meilleur. Et comme vous ne voudrez pas perdre une goutte du précieux liquide dans lequel la racine aura cuit, vous en napperez l'exquise tarte à la citrouille, dont nous vous donnons la recette dans Documents associés.

Et ça soigne quoi?

Les Amérindiens l'ont employé comme apéritif pour redonner appétit aux personnes qui ne peuvent garder la nourriture ainsi que pour soulager la flatulence et prévenir les intoxications alimentaires.

On lui attribue des propriétés vomitives, expectorantes et sternutatoires. À cause de ces propriétés, le docteur Jean Valnet rapporte qu'un médecin du nom de Gilbert aurait dit de l'asaret d'Europe qu'il s'agissait d'un « remède qui pousse par tous les couloirs ». Ah! la poésie médicale!

En Europe, on emploie la feuille contre la bronchite et l'asthme. L'infusion de feuilles se prépare à raison de 5 à 7 feuilles par tasse d'eau bouillante. Le rhizome se prend séché et réduit en poudre. On en dilue 1 à 2 g dans de l'eau chaude. On le prépare également en teinture que l'on prend à raison de 50 à 60 gouttes par jour.

En Amérique, on en faisait jadis un sirop contre la toux que l'on préparait en faisant bouillir 100 grammes de racine dans 1 litre d'eau, jusqu'à réduction de moitié. On filtrait, ajoutait environ 50 grammes de miel, mélangeait le tout, embouteillait et conservait au frais. Il est préférable de garder le sirop au réfrigérateur pour éviter qu'il ne fermente.

Pour les fins médicinales, certains affirment qu'il est préférable de récolter le rhizome au printemps, mais d'autres considèrent que la plante est tout aussi efficace si on la ramasse à l'automne. Quoi qu'il en soit, il faut attendre les premières gelées avant de récolter.