Les antécédents de cancer du sein du côté de la famille paternelle pourraient être moins bien connus, et donc moins bien rapportés que ceux survenus dans la famille de la mère, préviennent les auteurs d'une étude parue dans l'"American Journal of Preventive Medicine".
Or, dans la mesure où les femmes présentant des antécédents familiaux de cancer du sein sont exposées à un risque accru de développer cette maladie, il s'avère particulièrement important que les médecins aient une connaissance la plus précise possible des antécédents familiaux de leurs patientes, de façon à pouvoir évaluer leur risque de cancer du sein de façon fiable.
En général, les tests de dépistages utilisés par les médecins sont évalués, de façon à vérifier que leur sensibilité (aptitude à identifier correctement les malades) et leur spécificité (capacité à reconnaître les personnes ne souffrant pas de l'affection recherchée) s'avèrent suffisantes, expliquent John Quillin, du département de génétique humaine de la Virginia Commonwealth University et ses collègues. Etant donné que différentes données suggèrent que les antécédents familiaux de cancer du sein pourraient être plus fréquemment évoqués dans la lignée maternelle que du côté paternel -ce qui pourrait donc fausser l'évaluation du risque réalisée par les praticiens-, ces chercheurs ont conduit une étude à ce sujet.
Ils ont analysé des données recueillies entre avril 2003 et mars 2005 auprès des patientes de la Women's health clinic, âgées d'au moins quarante ans et ne souffrant pas d'un cancer du sein. Pour leur analyse, ils se sont attachés à évaluer et à comparer le nombre de femmes signalant des cas de cancers survenus chez les femmes de leur famille maternelle et paternelle à l'exception de leur mère (tantes, grands-mères...).
D'après leurs observations, une proportion plus importante de femmes fait état d'antécédents familiaux de cancer du sein du côté maternel (16%) que du côté paternel (10%). Cette différence s'est maintenue après ajustement pour éliminer l'influence éventuelle d'autres facteurs comme l'origine ethnique, le degré de sensibilisation au sujet du cancer du sein, la communication au sein de la famille au sujet de cette affection, ainsi que le risque perçu, ont constaté les auteurs.
Pourtant, en théorie, à l'échelle de la population de plusieurs centaines de femmes prises en compte dans cette étude, ces deux proportions auraient dû se montrer comparables.
"Les déclarations des patientes au sujet de leurs antécédents familiaux de cancer du sein dans la famille paternelle pourraient ne pas permettre d'estimer de façon optimale le risque de cancer du sein", concluent donc les auteurs, en insistant sur la nécessité de conduire des recherches complémentaires pour rechercher, parmi les éventuels facteurs participant à l'apparition de cette différence dans le signalement des antécédents familiaux maternels et paternels de cancer du sein, ceux qui pourraient être modifiés de façon à optimiser l'estimation de la probabilité qu'une patiente développe cette affection.
S'ils n'excluent pas que leur échantillon ne se montre pas forcément représentatif de la population générale, les auteurs de cette étude invitent pourtant les femmes et les médecins qui les suivent, ainsi que les chercheurs travaillant sur la conception et la mise en place des programmes de prévention du cancer du sein, à tenir compte de cette éventualité d'une sous-déclaration des cas de cancer du sein parmi les ascendants paternels.
Parmi les facteurs qui pourraient influencer ce résultat, les auteurs de cette étude évoquent notamment, dans un communiqué diffusé par la revue ayant publié leurs travaux, le fait que les hommes pourraient ne pas être au courant des cas de cancer du sein survenus dans leur famille, et donc se trouver dans l'impossibilité de transmettre cette information à leurs enfants. Autre cas cité par les auteurs à titre d'exemple à ne pas négliger : les femmes élevées dans une famille monoparentale n'ayant pas connu leur père ou n'ayant pas eu beaucoup de contact avec lui.
"Les médecins généralistes doivent particulièrement s'attacher à recueillir des informations sur les antécédents familiaux du côté paternel, car leurs patientes pourraient ne pas avoir conscience qu'ils s'avèrent également pertinents pour évaluer leurs éventuels risques sanitaires", insiste John Quillin dans ce communiqué