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lundi 5 novembre 2012

Quelles sont les données scientifiques sur l’intérêt en économie?


Données scientifiques sur l’intérêt en économie
L’analyse du phénomène de l’intérêt implique, après présentation d’une définition, une mise en évidence des procédures de détermination, ainsi qu’une réflexion sur le rôle joué par cette variable dans la dynamique économique.
. Le concept de taux d’intérêt :
L’économiste Paul Samuelson définit l’intérêt et le taux d’intérêt en ces termes :
« L’intérêt est le versement effectué pour l’usage de la monnaie. Le taux d’intérêt est le montant de l’intérêt versé par unité de temps. En d’autres termes, les gens doivent payer la possibilité d’emprunter de l’argent. Le taux d’intérêt est le coût de l’emprunt de l’argent. »15
Ainsi, l’intérêt est le prix payé pour l’utilisation dans le temps de la monnaie.
Il est exprimé, en général, sous forme d’un taux prélevé ou gagné par période, d’où l’expression de taux d’intérêt.
Le taux d’intérêt représente le prix de l’argent, mais aussi le prix du temps puisque il compense le sacrifice de la liquidité consenti par le créancier. Ce sacrifice permet à l’emprunteur (État, particulier, entreprise...) de bénéficier de liquidités immédiates, et il fait l’objet d’un dédommagement : le créancier (par exemple, la banque), avant de récupérer à l’échéance le capital, percevra les intérêts sur ce capital.
Le taux d’intérêt est la rémunération du capital prêté, versé par l’emprunteur au prêteur. Il a une forte importance économique dans la mesure où il permet aux entreprises et aux ménages d’investir, d’accéder à la consommation et aussi de placer des liquidités.
 Les différentes catégories de taux d’intérêt
Dans une économie donnée, on observe toute une gamme de taux d’intérêt qui répond à des
anticipations et à des risques différents
 Le mode d’évaluation : réel ou nominal :
Le taux d’intérêt nominal est une variable en valeur qui s’oppose au taux d’intérêt réel qui prend en compte la hausse des prix.
Selon l’économiste Irving FISHER, le taux d’intérêt nominal est la somme du taux d’intérêt réel et du taux d’inflation anticipé.
Cette relation est appelée l’équation ou l’effet de FISHER :
i = r + (ΔP/P)a (1)
Avec :
i : taux d’intérêt nominal
R : taux d’intérêt réel
(ΔP/P)a = taux d’inflation anticipé
Ainsi, en période d’anticipations inflationnistes, le taux d’intérêt a tendance « à être élevé quand le niveau des prix est en hausse et bas quand le niveau des prix est en baisse ». De plus, dans un processus inflationniste, les ajustements ne se font pas immédiatement, il en résulte que l’apparition de taux élevés est décalée par rapport à l’inflation actuelle.
Fisher ajoute « le taux d’intérêt a nettement tendance à être élevé quand le niveau des prix est élevé et bas dans le cas inverse ».
A partir de l’équation (1), le taux d’intérêt réel est égal au taux d’intérêt nominal corrigé de l’augmentation des prix :
r = i - (ΔP/P)a (2)
Le taux d’intérêt réel reflète des facteurs de longue durée, telles que la productivité du capital et les habitudes d’épargne des agents économiques.
Trois cas sont possibles :
Cas N°1 : r = i, lorsque les agents économiques prédisent une stabilité des prix ((ΔP/P)a = 0) Cas N°2 : r < 0, lorsque le taux d’inflation anticipée est supérieur au taux d’intérêt nominal. Cette phase correspond à une situation qualifiée de « répression financière ».
 Cas N°3 : r > 0, lorsque le taux d’inflation est faible et inférieur au taux d’intérêt nominal.
Un taux d’intérêt négatif favorise les emprunteurs au détriment des créanciers. En effet, l’augmentation continue des prix diminue le pouvoir d’achat futur des ménages mais allège en même temps le poids de la dette
Un taux d’intérêt réel élevé peut ne pas être un obstacle à l’investissement, par exemple dans la mesure où l’inflation est forte.
L’effet Fisher est la théorie selon laquelle le taux d’intérêt nominal s’élève proportionnellement au taux d’inflation anticipé, tandis que le taux d’intérêt réel est bas et relativement constant.
Les principales conséquences de la théorie de FISHER :
1°) La relation de Fisher est au centre de la théorie monétaire néoclassique selon laquelle, il existe un taux d’intérêt réel « naturel » établi par les forces du marché.
2°) La banque centrale ne peut influencer directement le niveau des taux d’intérêt nominaux que si elle réussit, en même temps, à modifier les anticipations des agents économiques concernant l’inflation. Ainsi une baisse, par exemple, du taux d’intérêt nominal par l’accroissement de liquidités monétaires sera suivie par deux effets qui agissent en sens contraires :
- un effet revenu sur la demande d’encaisses monétaires qui engendre une pression à la hausse sur le taux d’intérêt : la baisse du taux d’intérêt est de nature à stimuler le revenu national (ou le produit intérieur brut)
- un effet Fisher à long terme qui entraîne un ajustement à la hausse du taux d’intérêt nominal puisque le taux d’intérêt réel est, supposé, relativement stable : Les agents économiques, surtout les prêteurs, prévoient que la monnaie supplémentaire injectée par la banque centrale créera, en définitive, de l’inflation. Pour se prémunir, ils exigeront une prime d’inflation pour leurs prêts. Dans ces circonstances, le taux d’intérêt nominal atteindra un niveau supérieur au taux d’intérêt initial en intégrant le taux d’inflation anticipée.
3°) L’effet de DARBY : L’économiste américain M.R. DARBY a modifié l’équation de FISHER de façon à tenir compte de l’effet des impôts sur le taux d’intérêt nominal.

En effet, les taux d’intérêt nominaux, même ajustés en fonction de l’inflation anticipée, ne représente pas le rendement réel pour les prêteurs ni le coût réel pour les emprunteurs : il faut mesurer le taux d’intérêt réel après impôts.
Pour un investisseur ou un emprunteur, il est important d’ajuster le taux d’intérêt nominal en fonction du taux d’imposition et du taux d’inflation anticipée.
Ainsi l’équation simple de FISHER (2) devient :
r = i - (ΔP/P)a 􀃎 rat = iat - (ΔP/P)a (3)
Avec:
rat = taux d’intérêt réel après impôts
iat = taux d’intérêt nominal après impôts
Si on considère t comme le taux d’imposition moyen, la relation entre le taux d’intérêt nominal après impôts (iat) et le taux d’intérêt du marché (i) est de la forme suivante :
iat = (1-t) i
La relation (3) devient : rat = (1-t) i - (ΔP/P)a
D’où l’équation de Fisher avec impôt :
i = (rat + (ΔP/P)a ) / (1-t) (4)
Le taux d’intérêt nominal doit s’élever d’un pourcentage supérieur au taux d’inflation anticipé pour que le taux d’intérêt réel après impôts demeure constant.
L’équation de FISHER avec impôt s’écrit également comme suit :
Effet de Fisher Effet de Darby
i = r (ΔP/P)a + (t / (1-t)) (ΔP/P)a (5)
Avec r = rat /(1-t)
Le terme (t / (1-t)) (ΔP/P)a représente la hausse additionnelle du taux d’intérêt nominal afin de compenser les pertes que les impôts font subir aux investisseurs.
Ainsi, le taux d’intérêt nominal comprend trois éléments : le taux d’intérêt réel avants impôts, le taux d’inflation et le taux d’imposition

Le terme ou le délai de remboursement (ou de placement) :
On distingue les taux à court terme (taux courts) des taux à long terme (taux longs).
Les taux courts, représentés par les niveaux des taux d’intérêt «au jour le jour» (jusqu’à une semaine) et «à court terme» (jusqu’à un an), sont déterminés sur le marché monétaire. Par contre les taux longs, sous forme de taux d’intérêt des emprunts de l’Etat (bons du Trésor) ou des emprunts obligataires des entreprises, sont déterminés sur le marché financier.
Généralement les taux longs sont supérieurs aux taux courts : les agents économiques sont disposés à renoncer à la disponibilité immédiate de leurs fonds (liquidité) que s’ils peuvent accroître leur rendement.
La structure des taux d’intérêt c’est à dire de la relation entre le taux d’intérêt et la maturité.
L’allure de la structure des taux peut être :
- Ascendante, lorsque les taux courts sont inférieurs aux taux longs.
- Descendante, lorsque les taux courts sont supérieurs aux taux longs.
- Plate, lorsque les taux sont identiques pour toutes les échéances.
Les économistes ont avancé trois hypothèses pour expliquer la configuration des taux d’intérêt :
1°) La théorie de la préférence pour la liquidité : selon laquelle, les investisseurs donnent une prime à la liquidité c’est à dire à la possibilité de convertir rapidement et sans perte un actif en monnaie. Comme les titres à court terme sont relativement plus liquides que les titres à long terme, ils auront un prix plus élevé et par conséquent un rendement plus faible que les titres à long terme. L’inconvénient de cette explication est de considérer tous les investisseurs préférant un même horizon de temps. Or, tous les investisseurs ne cherchent pas, nécessairement, à investir à court terme.
2°) La théorie de la segmentation : Cette théorie se fonde sur le fait qu’il existe des investisseurs préférant le long terme (caisses de retraite, les assurances, …) et d’autres qui préfèrent le court terme (fonds de placement, les banques, …). Il existe, ainsi, des marchés séparés pour les titres à revenu fixe d’échéances courtes et longues et que l’offre et la demande déterminent sur chaque marché les rendements respectifs des titres à court terme et long terme. L’inconvénient majeur de cette théorie est l’absence de mobilité des capitaux entre des titres d’échéance différente. Même s’il n’existe pas une substituabilité parfaite entre titres de durées différentes, les investisseurs ou les émetteurs de titres peuvent changer la structure des échéances des titres de leurs portefeuilles.

3°) La théorie des anticipations : Les anticipations des investisseurs sur les futurs taux à court terme déterminent la relation entre les rendements à court terme et à long terme.
Selon cette hypothèse, placer de l’argent sur une période de 2 ans doit être équivalent à placer de l’argent pendant un an puis de placer la somme reçue au terme de la première année à nouveau pendant un an.
EXEMPLE
Soient :
r1 : taux d’intérêt à court terme (spot) à un an
r2 : taux d’intérêt spot à deux ans
f2 : taux d’intérêt à terme (forward) dans un an à un an
Le taux d’intérêt à court terme à deux ans est donné
par la formule est la suivante :
( 1 + r1 ) x ( 1 + f2 ) = ( 1 + r2)
Placement sur puis l’année placement pendant
un an suivante deux ans
A.N.: r1 = 4%,
f2 = 5%
r2 = √(1,04 x 1,05) - 1 􀃎 r2 = 4,5%
L’hypothèse de base de cette théorie est à l’opposé de la théorie de la segmentation du marché : tous les titres, quelle que soit leur échéance, sont des substituts parfaits. Ce qui n’est pas toujours le cas.
La principale critique adressée à cette théorie est l’hypothèse selon laquelle les investisseurs peuvent prévoir avec précision les taux d’intérêt à court terme futurs, c’est à dire que l’on vit dans un monde certain. Or dans la réalité, on observe que les taux à terme ne sont pas de bons estimateurs des taux à court terme futurs.
Dans l’état actuel des connaissances, la théorie des anticipations est la plus proche pour expliquer le mieux la structure des taux d’intérêt et par voie de conséquence, la diversité des
formes des courbes de rendement. Il faut, cependant, tenir compte de l’attitude des investisseurs face au risque ainsi que de leurs préférences en matière d’échéance.
 Le risque :
Certains prêts (ou placements) sont sans risque tandis que d’autres sont à risque élevé. Les épargnants exigent le versement d’une prime de risque lorsqu’ils investissent dans des placements risqués. Les bons du Trésor, qui sont des titres d’emprunt de l’Etat, constituent le placement le plus sûr pour les épargnants : l’intérêt sur la dette est versé avec une quasi-certitude. Par contre les emprunts des entreprises présentent un risque de non paiement dû à leur possible faillite.
 La liquidité :
Un actif est liquide s’il peut rapidement, et avec peu de perte de valeur, être converti en monnaie. En raison du risque plus grand et de la difficulté de convertir l’actif en monnaie, les titres ou les prêts illiquides exigent des taux d’intérêt nettement plus élevés que ceux qui sont liquides et sans risque.
 La détermination du taux d’intérêt
Deux grandes théories tentent d’élucider les déterminants des taux d’intérêt : les théories réelles et les théories monétaires.
Les théories réelles de l’intérêt :
Les théories réelles de l’intérêt sont des théories à long terme dans lesquelles le taux d’intérêt réel est la rémunération de l’abstinence réelle et le rendement du capital réel.
Ainsi le taux d’intérêt réel est déterminé par la confrontation de l’offre et de la demande de fonds prêtables.

L’acte de l’épargne est considéré comme une renonciation à la consommation présente. Ainsi des ressources sont libérées pour être investies pour améliorer la production. Il existe dans l’économie une offre de fonds prêtables (épargne) et une demande de fonds prêtables (investissement). Le taux d’intérêt est la rémunération de l’acte de l’épargne et de la fourniture de capital réel.