La notion de «
développement durable » comporte un premier terme qui est le développement. A
elle seule, la notion de développement occupe déjà une place importante dans
l’analyse économique tant ancienne que contemporaine. En effet, les nations ne
peuvent se développer sans croissance économique mais au même temps il ne peut
y avoir de croissance économique sans développement.
Pour les êtres
humains, le concept sous-entend un équilibre dans la satisfaction des besoins
essentiels : conditions économiques, environnementales, sociales et culturelles
d'existence au sein d'une société. »
Cette relation de causalité a été largement
débattue au cours du 20ème siècle et renvoie pour l’essentiel à des
considérations de répartition des fruits de la croissance autour desquelles se
cristallisent les questions d’inégalités sociales.
Le développement qui répond aux besoins du
présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à
leurs propres besoins. Deux concepts sont inhérents à cette notion :le concept
de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus
démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité,l’idée des
limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale
impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à
venir. »
Le discours
récent sur le développement est néanmoins nettement plus inspiré de faits
économiques nouveaux tels la mondialisation, l’ouverture croissante des
économies et la prise en compte des facteurs institutionnels. Ces sources
d’inspirations conduisent à repenser de manière plus large la relation entre
croissance et développement sans pour autant perdre de vue la question des
inégalités : une croissance favorisée par l’ouverture économique peut-elle
réduire la pauvreté ? Quel lien y a-t-il entre la gouvernance (locale ou
mondiale) et le développement ?
Après cette
esquisse rapide des contours du débat sur le développement, il convient à
présent de voir en quoi se distingue la notion de développement durable de
celle de développement tout court. La distinction fondamentale réside dans la
manière avec laquelle la croissance économique peut, dans le temps, continuer à
servir ou à ne plus servir le développement. D'où l’idée de la durabilité. Si
la croissance économique conduit à une destruction progressive de ressources épuisables
et non renouvelables, alors il n’y aurait plus ni croissance, ni
développement2. D’où la définition suivante du développement durable qui
consiste à souligner que pour être durable, le développement doit «répondre aux
besoins du présent,
1 . Les anglo-saxons
parlent de développement soutenable (sus tainable développement) alors que les
canadiens retiennent l’appellation développement viable.
2 .
L’utilisation du conditionnel peut se justifier ici par les capacités d’auto
-organisation de la nature soulignées dans l’hypothèse de gaia.
Sans
compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres
besoins».
En clair, la
notion de développement durable introduit la question des arbitrages qui
doivent être opérés entre la croissance économique et sociale et l’obligation
de préserver la nature. D’une certaine manière, le développement durable
renvoie dos à dos le capitalisme et l’écologie. Les arbitrages dont il est
question ici consistent à trouver la ou les solutions idoines permettant de
concilier les moyens de satisfaire les besoins de la population et la
conservation des écosystèmes.
La notion de
développement durable intègre par ailleurs d’autres composantes telles que la
santé et la gestion de l’espace. S’agissant de la santé, ce point renvoie à la
préservation des ressources humaines, facteur essentiel de la croissance
économique. Pour ce qui est de l’espace, c’est la façon d’organiser ou
d’aménager le territoire qui s’avère déterminante. Là encore, il y a des
arbitrages à faire entre la concentration des activités qui peut se justifier
économiquement par des économies d’agglomération et les problèmes de congestion
inhérents à la concentration spatiale de ces activités. Des arbitrages doivent
être également réalisés entre l’étalement et la concentration spatiale, le
premier pouvant générer des gaspillages qui peuvent être évités à travers des
choix optimaux de modes de transport.
La prise de
conscience internationale de l’importance du développement durable s’est
manifestée notamment depuis le sommet des Nations Unies portant sur le thème de
l’homme et l’environnement, sommet organisé à Stockholm en 1972. Plus tard,
soit 1987, cette prise de conscience s’est renforcée davantage suite à la
publication d’un rapport de la Commission Mondiale sur l’Environnement et le
Développement (Rapport Bruntland). Enfin, l’élaboration de l’agenda 21 en marge
de la conférence de Rio de Janeiro tenue en 1992 compte parmi les plus
importantes dates clés du développement durable.