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samedi 3 octobre 2020

Le romarin

Le romarin 

Une légende qui vieillit bien 

Je me demande s'il existe une seule personne en ce bas monde qui n'ait jamais entendu parler de la fameuse légende de la reine de Hongrie, mais au cas où cette personne existerait, voici l'histoire. Vieille, paralytique et percluse d'arthrite, Élisabeth de Hongrie consulta un ermite, tout aussi usé qu'elle, paraît-il, mais plein de ressources, qui lui concocta un esprit de romarin pas piqué des vers et grâce auquel elle fut transformée en une délicieuse jeune femme que le roi de Pologne de l'époque - cela se passait en 1370 - s'empressa de demander en mariage. L'histoire ne dit toutefois pas à combien s'élevait la dot apportée par la dite reine... 

Bref, traditionnellement, le romarin était considéré comme la plante antivieillissement par excellence, particulièrement pour ce qui a trait aux fonctions intellectuelles. Il y a d'ailleurs un adage qui dit que le romarin est à l'esprit ce que la lavande est à l'âme. En effet, le romarin était réputé pour stimuler l'activité cérébrale et améliorer la mémoire. C'est pour cette raison que les lettrés grecs le portaient en couronne lorsqu'ils devaient se livrer à des exercices intellectuels particulièrement exigeants. 

Le médecin hygiéniste Kneipp considérait que c'était le tonique idéal pour les personnes âgées. Il recommandait de le prendre macéré dans du vin ou, encore, de prendre un bain dans lequel il avait trempé. Il a d'ailleurs servi à soigner nombre de maladies qui touchaient essentiellement les personnes âgées : faiblesse générale, surmenage physique et intellectuel, accompagné de perte de mémoire, hypotension, impuissance, divers troubles cardiaques d'origine nerveuse, vertiges, syncopes, rhumatismes, séquelles de paralysie, faiblesse des membres, hypercholestérolémie, cirrhoses, faiblesse de la vue. 

L'industrie agroalimentaire a récemment découvert les puissantes propriétés antioxydantes du romarin. La plante pourrait en effet remplacer le BHT et le BHA, deux antioxydants de synthèse utilisés pour la conservation des aliments, mais qui ont l'inconvénient de présenter un risque cancérogène. En fait, ces propriétés, on les connaissait depuis longtemps puisque, avant l'avènement du réfrigérateur, on s'en servait pour conserver la viande, mais l'odeur et la saveur fortement aromatiques de la plante ne permettaient de l'utiliser que dans quelques rares mets avec lesquels elle est compatible. Ceci a changé dans les années 90 lorsqu'on a réussi à extraire ses principes antioxydants sans son huile volatile. En théorie, on peut donc l'utiliser en remplacements des contestés et contestables BHT et BHA. En théorie seulement, puisque l'extrait n'est toujours pas approuvé par les autorités américaines ou canadiennes. 

Entretemps, consommons-le nature et, pour l'avoir bien frais et exempt de tout résidu de produits chimiques, cultivons-le. Et puis tiens, pourquoi ne pas offrir un plant à l'occasion de la fête des Pères. Avec une carte qui dirait quelque chose du genre : « Cher paternel, comme je voudrais te garder encore bien longtemps, voici un agent de conservation de premier ordre. » 
Culture 

Le romarin ayant un très faible taux de germination, il est préférable de se procurer un ou des plants en jardinerie ou dans des maisons spécialisées. Richter's (http://www.richters.com) vend une quinzaine de variétés différentes à des prix qui vont de 3 à 6 dollars. Plantez-le dans un coin ensoleillé du jardin ou dans la plate-bande de fleurs en évitant les endroits où le sol est mal drainé. Dès la première saison, il prendra une bonne envergure (je dirais environ 30 centimètres de diamètre), alors tenez-en compte. 

Le romarin n'est pas rustique sous nos climats. Même le cultivar « Arp », supposé être résistant au froid, ne survit que dans les zones 6 et plus (le sud du Québec se trouve en zone 4b - 5), et encore, avec une bonne protection d'hiver. Il pourra peut-être survivre à des hivers particulièrement doux si on le protège adéquatement, mais rien n'est moins garanti. Dans tous les cas, procédez ainsi: à l'automne, taillez les tiges environ de moitié. Paillez le plant de façon à l'enterrer entièrement et recouvrez-le d'une toile de jute. 

La meilleure chose à faire, c'est peut-être d'empoter le plant avant les gelées d'automne et de le garder à l'intérieur dans un endroit relativement frais. La déshydratation étant son pire ennemi (n'oublions pas que dans son milieu naturel, il est constamment exposé aux embruns de la mer), il faut éviter de le mettre à proximité d'une source de chaleur ou de le placer devant une fenêtre exposée au sud. D'un autre côté, il ne doit pas avoir les pieds dans l'eau, au risque de pourrir par la racine. On recommande donc de placer le pot sur un plateau contenant du gravier ou de l'argile expansée et rempli d'eau à mi-hauteur ou encore de vaporiser ses feuilles un jour sur deux. La variété « Blue Boy » serait particulièrement adaptée à la culture en pot à l'intérieur. Il faut éviter de le fertiliser durant l'hiver. Attendez de le transplanter en pleine terre au printemps suivant pour lui mettre un peu de compost et, si la terre est acide, une poignée de chaux. 

Et si, malgré tous ces conseils, vous perdez votre romarin, et bien sachez que c'est parce que vous n'êtes tout simplement pas assez vertueux. En effet, d'après un autre adage, la plante ne tolère que la compagnie des êtres de très grande vertu. 
Essayez le romarin dans... 

Tout ce qui est pâte à pain, à fougasse, à pizza. 

La gelée de pomme. 

Les plats de viandes rôties, particulièrement l'agneau et le porc, ou insérez quelques tiges dans la cavité des volailles que vous avez l'intention de cuire au four. 

Les marinades pour viandes braisées ou pour brochettes. 

L'huile d'olive, que vous préparerez ainsi : remplissez un bocal de verre de branches de romarin, recouvrez d'une bonne huile d'olive pressée à froid, laissez macérer au soleil deux semaines, filtrez en exprimant et conservez au frais dans un flacon opaque; arrosez une tranche de pain, des pommes de terre bouillies ou des légumes cuits d'un filet de cette puissante huile aromatique. 

Le vin : faites macérer une poignée de tiges dans 2 litres de vin blanc pendant quelques jours, puis filtrez. 

Les herbes de Provence : une partie de chacune des herbes suivantes, séchées : sarriette, marjolaine, origan, romarin; 4 parties de thym séché; mélangez intimement les herbes et conservez-les dans un flacon de verre ou de céramique. 

Une infusion : deux cuillerées à thé de feuilles ou de fleurs par tasse d'eau bouillante. Infusez 10 minutes. Prenez une tasse avant ou après les repas. 

Un bain : à prendre de préférence le matin, car il est stimulant. La dose est de 500 grammes pour les adultes et 250 grammes pour les enfants. 
Le truc du cuistot 


Débarrassez les tiges de leurs feuilles, en ne gardant qu'une petite touffe au sommet, et utilisez-les pour les brochettes. Ou jetez des feuilles sur le gril du barbecue lors de la cuisson. 

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