Gingembre sauvage
Son nom
Asarum signifie, paraît-il, « déplaisant », par référence au fait que la fleur n'est pas assez belle pour servir à l'ornement. Ah! Mais ce n'est point mon avis, alors là pas du tout. C'est, à mon sens, une des plus belles fleurs de notre flore indigène. Sauf qu'elle est minuscule et que, en plus, elle a le don de se cacher sous les feuilles, ce qui fait qu'il faut pratiquement se mettre à plat ventre pour l'observer. Une loupe n'est pas de trop non plus si on veut pouvoir en apprécier tous les détails.
Quant à son nom populaire de « gingembre sauvage », il est imputable à la saveur de sa racine, qui rappelle celle du vrai gingembre. Mais là s'arrête la comparaison puisqu'il s'agit de plantes complètement différentes, qui n'appartiennent pas à la même famille botanique.
Le vocable « cabaret » lui a aussi été attribué et se réfère au fait que les ivrognes s'en servaient pour se faire vomir au sortir du bistrot, histoire de s'épargner les foudres de « Madame leur épouse », laquelle ne manquerait pas de les attendre de pied ferme.
Les noms d'« oreille d'homme », « oreillette », « rondelle » doivent référer à la forme des feuilles ou quelque chose du genre. Le nom de « nard sauvage » fait allusion à son huile essentielle, extrêmement aromatique, qu'on emploie en parfumerie.
Et ça se mange?
En Caroline du Nord, on emploie les feuilles comme substitut du gingembre. Les Amérindiens l'employaient et l'emploient toujours - de même qu'une autre variété, l'A. caudatum - pour assaisonner certains plats, de viande ou de haricots notamment, qu'il rendrait plus digestes. Il a également servi à préparer une boisson amère aromatique.
Mais c'est confit, comme les tiges et les racines d'angélique, qu'il est véritablement à son meilleur. Et comme vous ne voudrez pas perdre une goutte du précieux liquide dans lequel la racine aura cuit, vous en napperez l'exquise tarte à la citrouille, dont nous vous donnons la recette dans Documents associés.
Et ça soigne quoi?
Les Amérindiens l'ont employé comme apéritif pour redonner appétit aux personnes qui ne peuvent garder la nourriture ainsi que pour soulager la flatulence et prévenir les intoxications alimentaires.
On lui attribue des propriétés vomitives, expectorantes et sternutatoires. À cause de ces propriétés, le docteur Jean Valnet rapporte qu'un médecin du nom de Gilbert aurait dit de l'asaret d'Europe qu'il s'agissait d'un « remède qui pousse par tous les couloirs ». Ah! la poésie médicale!
En Europe, on emploie la feuille contre la bronchite et l'asthme. L'infusion de feuilles se prépare à raison de 5 à 7 feuilles par tasse d'eau bouillante. Le rhizome se prend séché et réduit en poudre. On en dilue 1 à 2 g dans de l'eau chaude. On le prépare également en teinture que l'on prend à raison de 50 à 60 gouttes par jour.
En Amérique, on en faisait jadis un sirop contre la toux que l'on préparait en faisant bouillir 100 grammes de racine dans 1 litre d'eau, jusqu'à réduction de moitié. On filtrait, ajoutait environ 50 grammes de miel, mélangeait le tout, embouteillait et conservait au frais. Il est préférable de garder le sirop au réfrigérateur pour éviter qu'il ne fermente.
Pour les fins médicinales, certains affirment qu'il est préférable de récolter le rhizome au printemps, mais d'autres considèrent que la plante est tout aussi efficace si on la ramasse à l'automne. Quoi qu'il en soit, il faut attendre les premières gelées avant de récolter.
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