La plante tire son nom du latin tussilago, « qui chasse, qui agit sur la toux ». « C'est parce qu'elle dégage le "ti" sillage », me disait un jour une amie en rigolant. Ses noms communs d'« herbe à la toux » et de « chasse-toux » ne laissent d'ailleurs, aucun doute sur ses emplois médicinaux traditionnels.
Les noms de « pas-d'âne » ou de « pas de cheval » viennent de la forme de la feuille qui ressemble vaguement à la trace que laissent ces animaux dans le sable.
Par contre, le sens des noms « taconet » et « tacouet » reste obscur. Peut-être s'agit-il tout simplement d'une allusion à takko qui, en ancien français, signifiait « dentelure », en référence à la bordure dentelée de la feuille? On ne sait pas.
Par ailleurs, la plante portait jadis le nom de Filius ante patrem à cause de cette étrange manière qu'elle a de pousser en deux stades distincts et chronologiquement inversés, comparativement à la majorité des autres plantes : la fleur apparaît d'abord, très tôt au printemps, puis quand elle a fané, c'est au tour de la feuille. Si on ne sait pas, on peut facilement penser qu'il s'agit de deux plantes complètement différentes.
Et ça se mange?
Les fleurs sont excellentes en salade. Leur tige est juteuse, légèrement sucrée et aromatique. Idem pour les jeunes feuilles. Plus caoutchouteuses, les feuilles plus âgées seront de préférence cuites.
Avec les cendres des feuilles séchées, on a confectionné un substitut de sel qui présente l'intérêt d'être beaucoup plus riche en chlorure de potassium qu'en chlorure de sodium et, par conséquent, d'être très apprécié des personnes qui doivent suivre un régime sans sel. On le prépare en faisant d'abord sécher les feuilles puis en les faisant brûler (à l'extérieur, il va de soi) par petites quantités dans un récipient de métal. On recueille les cendres que l'on tamisera ensuite et conservera dans un contenant hermétique.
Et ça soigne quoi?
Autrefois, la feuille de tussilage servait d'enseigne aux apothicaires. C'est dire l'importance qu'on lui accordait.
L'un des plus anciens et meilleurs remèdes pectoraux, selon le docteur Jean Valnet ; particulièrement efficace contre la toux chronique accompagnant la silicose et l'emphysème, selon le docteur Fritz Weiss, qui souligne toutefois que l'infusion n'apporte qu'un soulagement symptomatique, ces deux maladies étant incurables. On en prend une tasse le matin, dès le réveil, au moment où la toux est la plus forte, puis une autre le soir au coucher.
Selon les traditions, on a utilisé de préférence les fleurs ou les feuilles pour préparer l'infusion. En Chine, on n'utilise que les fleurs. En France, on les préfère également pour le traitement de la toux. Elles entrent dans la composition de la « tisane des quatre fleurs » qui en fait, en comprend sept... On y réserve plutôt les feuilles pour les usages externes. Idem en Angleterre. Par contre, aux États-Unis, plusieurs semblent privilégier les feuilles, qui seraient plus riches en principes actifs. D'une façon ou d'une autre, on préparera l'infusion, à raison d'une cuillerée à thé de la plante par tasse d'eau bouillante, à infuser dix minutes. On pourra édulcorer au miel, étant donné qu'il est utile contre la toux. On prendra 3 ou 4 tasses par jour.
Les racines ont servi à préparer des bonbons contre la toux. En outre, il existait jadis une préparation médicinale à fumer, le British Herb Tobacco, destinée aux personnes souffrant d'asthme, de catarrhe et d'autres problèmes pulmonaires, et principalement composée de tussilage, auquel s'ajoutaient du ményanthe, de l'euphraise, de la bétoine, du romarin, du thym, de la lavande et de la camomille. Les plantes étaient roulées entre les mains jusqu'à ce qu'elles soient réduites en poudre, puis fumées. On a également fumé les feuilles de tussilage seules.
Il y a quelques années, une certaine controverse est née autour de l'emploi par voie interne du tussilage, après que des études sur les animaux ont révélé que la plante avait des effets cancérigènes. Le gouvernement canadien s'en est ému au point d'interdire pendant un temps la vente de la plante. Mais selon le docteur Fritz Weiss, ayant oeuvré pour la Commission E, il n'y a pas lieu de s'inquiéter d'une part, parce que la plante ne renfermerait qu'une faible proportion de principes toxiques et que, d'autre part, les quantités administrées aux animaux au cours de ces études sont infiniment plus élevées que ce que l'on ne prendra jamais dans toute une vie. Il fallait tout de même faire la mise en garde.
Par voie externe, on peut appliquer les feuilles, fraîches ou macérées toute la nuit dans l'eau, sur les plaies qui tardent à guérir, les brûlures, entorses, tumeurs externes. La décoction des feuilles peut en outre soigner l’hyperhidrose des pieds. On la prépare en faisant bouillir une dizaine de minutes une poignée de feuilles dans un litre d'eau. Laisser refroidir jusqu'à ce que la température soit tolérable et prendre un bain de pieds.
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