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lundi 12 octobre 2020

Viorne

 Viorne

Son nom

Le nom français de « viorne » vient du latin viburnum qui signifie « lier », par allusion à la souplesse des rameaux. Au Québec, on désigne la viorne sous le nom de « pimbina », mot dérivé de l'algonquin nipimina, qui signifie « graines ou fruits amers ». La viorne est membre de la famille des caprifoliacées qui comprend plusieurs autres arbustes à petites baies, le chèvrefeuille notamment, qui s'appelait jadis caprifolium - littéralement « feuille de bouc » - et qui a donné son nom à la famille.

Son rôle dans l'équilibre écologique

Selon le frère Marie-Victorin, les fruits du V. cassinoides, une espèce omniprésente au Québec, sont la nourriture principale des bandes de merles d'Amérique venant du nord qui traversent la vallée du Saint-Laurent vers la mi-octobre. Normalement plutôt portés sur les protéines animales, ces passereaux préfèrent, à l'automne, manger les baies qui leur fournissent les précieux hydrates de carbone dont ils ont impérativement besoin pour entreprendre leur voyage vers le sud.

Toutes les viornes peuvent constituer de belles haies de taille moyenne (de un à quatre mètres de haut selon les espèces) chargées de petits fruits rouges ou noirs qui peuvent servir de nourriture aux oiseaux migrants ou aux humains sédentaires ou encore rester accrochés aux arbustes et décorer joliment un coin du terrain.

Et ça se mange?

En Scandinavie, on faisait autrefois une sorte de bouillie avec de la farine, du miel et les fruits du V. opulus. On en a également distillé un alcool. Quoique plutôt âpre, le fruit du V. edule était et est encore un aliment important chez les Amérindiens. Chez certaines peuplades, on ne le cueillait traditionnellement qu'en plein hiver tandis que chez d'autres, on le ramassait en septembre pour le consommer sans délai ou encore le conserver jusqu'à ce qu'il s'attendrisse. On l'a également fait sécher. Une façon très courante de conserver les fruits frais, quelle que soit l'espèce, consistait à les recouvrir de graisse d'animal ou d'huile de poisson ou à les immerger dans l'eau. Dans certaines peuplades de l'Ouest, le fruit de la viorne était considéré comme un aliment prestigieux et seules les personnes de haut rang avaient le droit de le cueillir, dans des endroits dont ils avaient la jouissance exclusive, de par leur statut. Élément important des échanges commerciaux ou cadeau de grande valeur, ce petit fruit apparaît dans de nombreux mythes des Haida, une peuplade de la Colombie-Britannique, qui croyaient que c'était l'aliment de choix des êtres surnaturels. Les Carrier le mangeaient avec de la graisse d'ours, les Nishgale le faisaient bouillir et le mélangeaient ensuite avec de l'huile. Parfois, ils en faisaient une sorte de crème glacée, en le battant avec de l'huile de poisson-chandelle et de la neige. On le faisait également cuire dans la soupe. Dans l'Est, les Algonquins et les Abénakis consommaient le fruit de V. cassinoides les Iroquois, Saulteux, Micmacs et Malécites celui du V. lentago et du V. trilobum.

Aujourd'hui, on n'emploie plus guère le fruit de la viorne que dans les confitures et la gelée ou sous forme de jus ou de vin. Ce qui ne nous empêche pas, nous, de renouer avec une tradition fort ancienne, celle de la neige nappée de sirop. Vous trouverez, dans Documents associés, notre recette de sirop de pimbina sur lit de neige immaculée.

Et ça soigne quoi?

Sédatif utérin et nervin, astringent, diurétique, l'écorce de la viorne à feuille de prunier, (V. prunifolium), contribue à soulager les règles douloureuses, à prévenir les accidents nerveux de la grossesse et les risques d'avortement, et à soulager les crampes musculaires. C'est la plante par idéal de la femme enceinte à risque de fausse couche. Sans danger, elle peut être prise à tout moment durant la grossesse, particulièrement en cas de saignements, de même que pour soulager les douleurs post-partum. Elle serait, en outre, fort utile pour les femmes tout juste ménopausées et pour soigner l'hypertension. On croit que l'écorce du V. trilobum et, vraisemblablement, celle du V. edule auraient sensiblement les mêmes propriétés. La première, en tout cas, était considérée comme officinale au Québec où elle avait assez d'importance pour que, en cas de pénurie, on cherche à la remplacer frauduleusement par l'écorce d'une espèce d'érable.

On en prépare une décoction à raison de 30 g d'écorce moulue par litre d'eau (ou 1 cuillerée à café par tasse) à faire bouillir une dizaine de minutes. Prendre 2 ou 3 tasses par jour.

Par voie externe, on a employé l'écorce réduite en poudre et incorporée à une crème neutre pour soulager les crampes musculaires ou la tension excessive aux épaules.


1 commentaire:


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