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samedi 11 août 2012

Quels sont les aspects méthodologiques de l'évaluation et limites du rapport?

L’évaluation des risques et des bénéfices sanitaires et nutritionnels des aliments issus de l’agriculture biologique a été réalisée à partir d’études comparatives menées avec des produits issus de l’agriculture biologique et de l’agriculture conventionnelle. Des études ou travaux, qui ne sont pas des études comparatives ou des travaux de caractérisation des aliments issus de l’agriculture biologique, ont également été examinés pour leurs propriétés explicatives de mécanismes permettant de mieux appréhender les répercussions des modes de culture ou d’élevage sur les caractéristiques des aliments produits.
Pour traiter de cette auto-saisine, l’AFSSA s‘est appuyée sur une méthodologie combinant les outils 11 suivants 
• Groupes de travail regroupant des scientifiques issus ou non des comités d’experts de l’AFSSA des représentants de la filière biologique (Ecocert, ITAB, FiBL…) afin de traiter des aspects sanitaires et nutritionnels ;
• Réunions de travail avec des scientifiques, des membres des comités d’experts spécialisés, des représentants des administrations (DGAL, DGCCRF, DPEI, DGS) et des organismes de la filière d’agriculture biologique (SETRABIO-BIOCONVERGENCE, Agence Bio) afin d’approfondir certains points spécifiques
• Analyse de documents transmis par les services de contrôle : résultats de plans de surveillance et de plans de contrôle de la DGAL et de la DGCCRF ;
• Etude d’articles scientifiques parus dans des revues à comité de lecture ou non, sélectionnés selon des critères définis qui sont présentés ci-dessous ;
• Analyse de comptes rendus de réunions spécialisées, documents de l’IFOAM ;
• Prise en compte des enquêtes représentatives au niveau national et européen ;
• Réunion d’étape publique avec des instances des autres pays européens.

CRITÈRES DE SÉLECTION DES ARTICLES SCIENTIFIQUES

Un important travail bibliographique a été réalisé à partir des études scientifiques publiées ; cette revue de la littérature a constitué la principale source de données permettant de mener à bien cette évaluation. Ont été privilégiés les articles publiés depuis 1980  en portant une attention particulière à la recherche des études réalisées à un niveau international. Des critères de sélection des études comparatives, pour leur prise en compte ou leur exclusion pour cette évaluation, ont été déterminés en s’inspirant de ceux retenus pour l’étude de la Soil Association (2001). ( Critères d’inclusion pour la sélection des articles portant sur les caractéristiques des aliments issus de l’agriculture biologique et de l’agriculture conventionnelle et sur les mécanismes expliquant certaines propriétés des aliments issus de l’agriculture biologique :
• L’échantillonnage doit être réalisé de manière à permettre des conclusions valides sur le plan statistique ;
• Les données sur les produits issus de l’agriculture biologique doivent provenir exclusivement de fermes et d’unités de transformation certifiées ;

• Les pratiques agricoles et d’élevage doivent être bien décrites et relever sans ambiguïté des modes de production biologique ou conventionnel ;
• Les méthodes de production doivent indiquer les pratiques appliquées par les producteurs (par exemple : fertilisation, assolement, phyto-protection, alimentation animale, santé animale, emploi d’additifs, etc.) ;
• Les teneurs sont exprimées clairement par rapport à la matière fraîche et/ou la matière sèche ;
• Les études comparatives doivent porter sur des critères pertinents du point de vue de la sécurité sanitaire et de la valeur nutritionnelle (Critères d’exclusion pour la sélection des articles portant sur les caractéristiques des aliments issus de l’agriculture biologique et de l’agriculture conventionnelle
• L’essai est conduit sur un sol dont l’histoire n’est pas connue (condition : au minimum 2-3 ans après conversion) ;
• Les pratiques sont incorrectes au regard notamment des exigences de l’agriculture biologique ou les renseignements sur les essais agronomiques ou sur les échantillons sont insuffisamment documentés ;
• La présentation des données ne permet pas de faire une séparation entre les données valides de celles qui ne le sont pas ;
• Les études sont la reprise d’une publication déjà éditée.
La recherche des articles s’est faite à partir des revues bibliographiques mais l’évaluation a été réalisée à partir des articles initiaux sélectionnés selon les critères précités.

DÉMARCHES DE TRAVAIL

Plusieurs démarches ont été envisagées pour mener à bien l’évaluation : expérimentale, déductive, globale. La démarche expérimentale est la plus rigoureuse scientifiquement. Cependant, en raison du manque de données disponibles sur les produits issus de l’agriculture biologique, l’évaluation s’est souvent appuyée sur une démarche déductive. Dans un souci d’homogénéisation des différents thèmes abordés dans ce rapport, il a été tenté pour chaque chapitre, de faire une description assez générale de la thématique (ex : dans le cas de l’œuf, description de ses caractéristiques nutritionnelles ; dans le cas des risques bactériens, bactéries à l’origine des Toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) en Europe) puis d’introduire l’une ou les démarches qui sont présentées ci-dessous, avant de conclure sur d’éventuels risques ou bénéfices.
2.1 La démarche expérimentale
Elle consiste à comparer certains paramètres nutritionnels ou sanitaires de denrées animales ou végétales selon un même protocole expérimental rigoureux dans deux conditions de production : biologique et conventionnel.
Exemple : deux lots de grains de blé de la même variété et récoltés au même stade de maturation, cultivés sur des sols voisins (même nature de sol, même climat, etc.) l’un par une méthode conventionnelle et l’autre en suivant le cahier des charges de l’agriculture biologique.
2.2 La démarche déductive
Elle repose également sur un raisonnement scientifique permettant d’estimer les impacts nutritionnels ou sanitaires d’un facteur de production, à partir de la connaissance des techniques de production, d’élevage et des facteurs de variation.
Exemple : La valeur nutritionnelle du lait est bien connue mais est soumise à un certain nombre de facteurs de variation (stade de lactation de l’animal, race, alimentation notamment). L’alimentation des animaux élevés selon le mode biologique est soumise au cahier des charges (liste positive des matières premières, limitation du pourcentage d’inclusion des concentrés dans la ration…). Pour une même race laitière et à stade de lactation de l’animal équivalent, la valeur nutritionnelle du lait produit par une vache alimentée selon le mode biologique pourra être différente ou non de celle du lait produit par une vache alimentée selon le mode conventionnel.

2.3 La démarche globale
Elle repose sur des comparaisons analytiques entre des séries d’échantillons d’aliments issus de divers modes de production dans des conditions non strictement comparatives. Sa validité est indéniable quand elle se limite à vérifier la qualité absolue d’un aliment, c’est à dire à évaluer le résultat d’un produit tel que présenté au consommateur (par exemple l’absence de résidus de pesticides, la teneur en nitrates, etc.). En revanche, elle ne permet de comparer stricto sensu les résultats de deux types de production que si les conditions de production sont connues, particulièrement quand il s’agit d’aliments prélevés sur le marché : si la certification Agriculture Biologique peut être une garantie de mode de production, il n’en est pas de même des produits non labellisés qui sont issus de pratiques agricoles dont la diversité est extrême (du produit de petit producteur à ceux de culture intensive) rendant la comparaison difficile. Quand il s’agit de produits labellisés (notamment le Label Rouge pour les volailles) ou de certains aliments produits par des techniques basées sur la modération des traitements, au contraire, la comparaison sera plus valide dès lors que les conditions de production seront mieux cernées.

3 EXPRESSION DES RÉSULTATS DES DONNÉES

3.1 Matière sèche vs. Matière fraîche
Les teneurs de certains nutriments d’aliments issus de l’agriculture biologique et conventionnelle sont exprimées selon les études comparatives disponibles en fonction de la matière fraîche ou de la matière sèche. La valeur nutritionnelle des aliments donnée dans les tables de composition des aliments est classiquement exprimée en matière fraîche. Néanmoins, l’expression des teneurs sur la base de la matière sèche est également utile pour l’appréciation de la valeur nutritionnelle et pour faire des comparaisons rigoureuses entre certains échantillons végétaux.
3.2 Interprétation des résultats
Les résultats comparatifs recueillis dans les différentes études analysées ont été regroupés selon une classification simple :
• AB > AC : Les résultats statistiques de l’étude montrent une teneur significativement supérieure en l’élément considéré dans les produits issus de l’agriculture biologique, comparativement à ceux issus de l’agriculture conventionnelle.
• AB = AC : Les résultats statistiques de l’étude ne montrent pas de différences significatives entre les produits issus de l’agriculture biologique et les produits issus de l’agriculture conventionnelle.
• AB < AC : Les résultats statistiques de l’étude montrent une teneur significativement inférieure en l’élément considéré dans les produits issus de l’agriculture biologique, comparativement à ceux issus de l’agriculture conventionnelle.
Lorsque cela était possible, des bilans ont été réalisés, en comptabilisant le nombre de résultats correspondant à chacune des catégories (>, = ou <) permettant ainsi d’identifier certaines tendances, sans signification statistique.

4 LES LIMITES DU RAPPORT

L’évaluation des risques et des bénéfices sanitaires et nutritionnels des aliments issus de l’agriculture biologique n’a pu être menée à bien que lorsque le nombre de données était suffisant.

Concernant les aspects nutritionnels. La majorité des études retenues ne traite que de l’aspect quantitatif de la valeur nutritionnelle des aliments, en se limitant à la comparaison sur les teneurs d’un nutriment ou d’une famille de nutriment, pour un ou quelques aliments. Aucune donnée ne permet de considérer l’influence du mode d’agriculture sur la biodisponibilité des nutriments, ni même sur leur métabolisme, leurs rôles physiologiques ou sur la santé du consommateur. De même, aucune étude ne compare l’influence, sur le statut nutritionnel des consommateurs, d’un régime global à base d’aliments biologiques, à un autre régime à base d’aliments conventionnels.
Enfin, dans la littérature, certaines thématiques n’ont pas ou quasiment pas, été étudiées. C’est le cas par exemple de l’effet du mode de production biologique sur les teneurs en protéines des œufs ou du lait, en vitamines K, D ou vitamines du groupe B (à l’exception des vitamines B1 et B2) des aliments ou encore sur les modifications éventuelles de profil en acides gras des beurres et huiles biologiques.
Concernant les aspects sanitaires. Le manque de données comparatives sur les modes de production biologique et conventionnel a conduit à mener le plus souvent l’évaluation des risques et bénéfices à partir de la connaissance des techniques de production et d’élevage selon la démarche déductive.
Par ailleurs, comme cela a été indiqué dans l’introduction de ce rapport, l’ensemble des pratiques de l’agriculture biologique conduit à un système global de production qui se différencie par beaucoup d’aspects des systèmes de production conventionnels, en particulier les plus intensifs. Cependant, par rigueur scientifique indispensable dans l’approche expérimentale, beaucoup d’études comparatives impliquent une approche simplificatrice (ex : comparaison de variétés ou races identiques, de cultures sur des périodes assez courtes…). Les données issues de telles comparaisons pourraient ne pas toujours refléter les effets de systèmes de production complexe différents sur l’ensemble des produits disponibles sur le marché.Il convient d’ajouter que la filière biologique n’est pas une filière homogène :
- dans le temps : les règles se sont durcies au fil des années, en conséquence, des observations anciennes sont relativisées,
- dans l’espace : les exigences du règlement communautaire sont des exigences minimales. Certains Etats, dont la France, ont des règles plus sévères.
De son côté, la filière conventionnelle est encore moins homogène. Elle couvre de nombreux systèmes de production dont certains ont des points communs avec la filière biologique (par exemple pour la durée d’engraissement, l’accès à des parcours extérieurs…).
Les productions biologiques en pisciculture, de développement récent en France, n’ont pas été abordées dans ce rapport. Ce point mériterait d’être examiné dans le cadre d’une évaluation de la filière piscicole.
Les aspects environnementaux, qui constituent un des fondamentaux de l’agriculture biologique, ne relèvent pas des compétences de l’AFSSA et n’ont pas été envisagés dans le cadre de ce rapport
Les aspects de bien-être animal en élevage biologique, et de qualités organoleptiques des aliments issus de l’agriculture biologique, n’ont pas été évalués dans le cadre de cette étude.