Les fondements et les méthodes de l’agriculture et de l’élevage biologique s’inscrivent dans la continuité de celles qui étaient utilisées par la plupart des agriculteurs au siècle dernier. L’agriculture biologique s’est formalisée lorsque les pionniers de ce mode de production, dont certains souvent liés à des courants philosophiques, refusèrent, à partir de 1930, l’évolution productiviste de l’agriculture.
Elle a ensuite évolué sous l’influence de différents courants sociologiques, techniques et commerciaux en apportant des facteurs d’innovation adoptés ensuite par l’agriculture conventionnelle (herse-étrille, compostage) et en intégrant les nouvelles connaissances scientifiques (lutte biologique). Origine de l’agriculture biologique en Europe
Trois courants principaux ont contribué à la naissance de l’agriculture biologique en Europe :
- Le mouvement biodynamique ou anthroposophique, apparu vers les années 20 sous l’impulsion de l’Autrichien Rudolf Steiner, est aujourd’hui fortement implanté dans les pays du Nord de l’Europe et aux Etats-Unis. Il fait appel aux bases agronomiques (compostage et emploi des substances végétales et minérales comme « biostimulants ») et aux forces « cosmiques et telluriques » dans les pratiques agricoles. Il a été le premier à mettre en place, en 1928, une marque,
« Demeter », certifiant l’origine des productions.
- Le mouvement pour l’agriculture organo-biologique s’inspire d’un courant apparu en Suisse, vers 1930, sous l’influence du Dr Hans Müller. Ses objectifs sont économiques et socio-politiques : autarcie des producteurs, circuits courts entre la production et la consommation, etc. Ces théories ont été complétées par un médecin allemand (H.P. Rusch), préfigurant les relations entre agriculture, environnement et écologie, alimentation et santé. Ce mouvement évoluera pour donner naissance à des associations comme Bioland en Allemagne et au réseau des coopératives Müller.
- Le mouvement pour une agriculture organique, né en Grande-Bretagne après la seconde guerre mondiale selon les théories de Sir Albert Howard, est à l’origine de la Soil Association britannique et de l’agriculture dite organique. Ce mouvement recommande l’observation des cycles naturels pour garantir la fertilité de la terre, le retour à l’agriculture paysanne autonome, la revalorisation des techniques agricoles par la fertilisation organique.
Origine de l’agriculture biologique en France
Dans les années 50, l’agriculture biologique émerge en France sur l’initiative d’agriculteurs et d’agronomes soucieux de préserver la fertilité des sols et la santé des animaux, et de médecins et de consommateurs préoccupés par la qualité de l’alimentation.
L’Annexe 3 fournit des informations sur la qualité organoleptique des aliments issus d’agriculture biologique.
Dans le présent rapport, le groupe de travail considère comme agriculture conventionnelle ou produits conventionnels, tout ce qui ne relève pas de l’agriculture biologique. Cette définition reprend celle du règlement européen 2092/91 du 24 juin 1991 concernant le mode de production biologique de produits agricoles et sa présentation sur les produits agricoles et les denrées alimentaires. Cette définition très large de l’agriculture conventionnelle inclut donc également toutes les filières certifiées autres que l’agriculture biologique, telles que le Label Rouge, la Certification Conformité Produit (CCP) et Appellation d’Origine Contrôlée (AOC). Ces filières certifiées répondent également à des cahiers des charges spécifiques concernant le mode de culture ou d’élevage.
Très rapidement, deux tendances se dessinent :
- Un mouvement agricole lié à une société commerciale approvisionnant les agriculteurs en intrants plus respectueux de l’environnement et conformes aux valeurs paysannes, la méthode
Lemaire-Boucher, alors prédominante mais dont certaines bases scientifiques ont été vivement contestées (notamment l’emploi d’une algue calcaire, le lithothamne dont le but déclaré était d’activer la vie microbienne et des « transmutations biologiques » dans le sol).
- Un mouvement associatif d’agriculteurs et de consommateurs, Nature et Progrès, reposant sur des fondements plus objectifs et plus rationnels et se démarquant nettement du premier.
Dans les années 70, l’émergence de nouveaux courants d’idées et des changements
sociologiques importants (résistance au libéralisme, au productivisme et à la société de consommation, prise de conscience des limites des ressources de la planète et crise pétrolière) ont
beaucoup influencé le développement de l’agriculture biologique et provoqué des scissions multiples des organisations professionnelles qui en sont issues.
En 1978 a été créée la FNAB (Fédération Nationale d’Agriculture Biologique des régions de France), organisme professionnel à vocation syndicale, pour les agriculteurs biologiques.
En 1980, l’agriculture biologique a bénéficié d’une reconnaissance officielle par les pouvoirs publics. Ainsi, sont créés l’ITAB (Institut Technique de l’Agriculture Biologique) en 1982 et la CNAB (Commission Nationale de l’Agriculture Biologique) en 1983, chargée de travailler sur les cahiers des charges. Cependant, l’agriculture biologique restera relativement ignorée par le reste du monde agricole ainsi que de la recherche jusqu’au milieu des années 90.
Un Plan Pluriannuel de Développement de l’Agriculture Biologique en France (PPDAB) a été mis en place par le ministère de l’agriculture et de la pêche en 1998. Il a pour objectif d’atteindre en 2005, 25 000 exploitations biologiques et un million d’hectares cultivés suivant ce mode de production.