Bourse-à-pasteur
Son nom
On dit qu'à la ceinture des bergers d'autrefois, pendait une bourse, vaguement triangulaire, qui était toujours plate, « because » les bergers étaient très pauvres, c'est bien connu. C'est à cause de la ressemblance des fruits de la plante à cette fameuse bourse qu'on lui a donné le nom de bourse-à-pasteur, plus rarement bourse à berger, ou encore mollette de berger.
D'ailleurs, il est intéressant d'observer qu'en français comme en anglais, le mot « pasteur » apparaît dans le nom de nombreuses plantes. Ainsi, on a l'horloge de pasteur, la boussole de pasteur, l'aiguille de pasteur, la pipe de pasteur, la massue de pasteur... On peut imaginer que toutes ces plantes ont fait office d'outils et d'instruments de fortune pour les pasteurs qui, six ou sept mois par année, vivaient loin de tout et devaient se débrouiller avec ce qu'ils trouvaient dans le milieu sauvage.
Son rôle dans l'équilibre écologique
Tout comme le plantain, la bourse-à-pasteur est l'une des premières plantes à coloniser une terre nue. Dans ce sens, elle contribue à réduire les effets de l'érosion résultant de l'action du vent ou de la pluie. Il faut la remercier pour cela d'autant plus qu'elle a une remarquable capacité d'adaptation aux sols de toute nature. Par contre, elle est dotée d'une prodigieuse fécondité - une seule plante peut mûrir 50 000 graines - ce qui, pour les jardiniers qui auront négligé de l'arracher au bon moment, représente des années et des années de lutte acharnée pour l'éradiquer du potager. Toutefois, peut-être se consoleront-ils de savoir que ses graines sont très appréciées des oiseaux. Il ne faut donc pas hésiter à ramasser la plante et à la faire sécher pour les récupérer et les mettre dans les mangeoires. L'hiver, à - 20 ° C, en pleine tempête, cela fait chaud au coeur de voir les minuscules mésanges manger tout leur content.
Les humains aussi en mangent?
En Europe, on a mangé les jeunes rosettes de feuilles, crues ou cuites, au printemps surtout. On les a également conservées par lactofermentation. Au Japon, elles constituent l'une des sept herbes printanières traditionnelles, hachées et cuites avec du riz et d'autres plantes sauvages. Un peu sucrées, les petites fleurs blanches peuvent s'ajouter aux salades. On peut également exprimer le suc de la plante fraîche et l'ajouter à un jus de légumes. Enfin, les petites graines possèdent une saveur piquante qui en fait un excellent condiment, tout à fait terroir.
Bien que la plante soit naturalisée depuis longtemps, les Amérindiens ne semblent pas l'avoir consommée dans le passé. Ainsi, c'est assez récemment que les Nlaka'pamux de la Colombie-Britannique la préparent en faisant tremper les feuilles toute la nuit pour les manger ensuite crues ou cuites à la manière des épinards. Voyez aussi notre recette dans Documents associés.
Et ça soigne quoi?
Comme la majorité des plantes de la famille des crucifères, la bourse-à-pasteur a servi à combattre le scorbut. De plus, elle serait un antiseptique urinaire et aurait la propriété de dissoudre les calculs aux reins. « Ici, au Canada, écrit-on dans la Matière Médicale des Soeurs de la Providence, on l'emploie beaucoup pour les maladies de vessie, surtout des vieillards. »
Mais c'est pour ses propriétés hémostatiques qu'elle est le mieux connue. On l'a employée en Allemagne au cours de la Première Guerre mondiale (1914-1918) pour arrêter les hémorragies consécutives aux blessures. Pour les mêmes raisons, elle a servi à soigner les divers types d'hémorragies utérines qui touchent les jeunes filles à la puberté ou les femmes à la ménopause et soignerait les règles profuses et irrégulières. Tonique astringent, elle est réputée augmenter le tonus du muscle utérin, action qui serait d'ailleurs connue depuis l'Antiquité grecque. Varices, hémorroïdes, hémophilie, hématurie et hémoptysie bénéficieraient également de son activité hémostatique.
Toutefois, ses propriétés hémostatiques sont controversées, particulièrement en ce qui a trait aux hémorragies utérines. On « se dispute » très fort à ce sujet dans certains cercles médicaux allemands, faisant parfois usage, raconte-t-on, d'épithètes fort disgracieuses. C'est que l'efficacité de la plante peut varier considérablement selon les lots. Certains croient que c'est parce que l'activité thérapeutique n'est pas attribuable à la plante elle-même, mais à un champignon qui vivrait en symbiose avec elle. Seules seraient efficaces les plantes portant le champignon. Cependant, bien qu'élégante, cette hypothèse n'a pas été démontrée. Une autre hypothèse, plus vraisemblable, est que les composés actifs de la plante s'altèrent rapidement une fois qu'on l'a récoltée. D'où la recommandation traditionnelle, séculaire, de l'employer uniquement fraîche, que ce soit en infusion ou en teinture, chose relativement facile, car elle se récolte pratiquement tout au long de la saison.
À cause de ses propriétés astringentes, on l'a aussi employée contre la diarrhée. On lui attribue en outre le pouvoir de stimuler la circulation et d'abaisser la pression sanguine. De plus, elle serait utile contre l'épilepsie et certaines affections nerveuses. Pour leur part, les Chinois assurent que les graines améliorent la vision.
On prépare l'infusion en faisant bouillir puis infuser 10 minutes 30 à 60 g de plante par litre d'eau. Prendre trois tasses par jour, entre les repas. La teinture se prépare en faisant macérer pendant 10 jours 350 g de plante fraîche dans un litre d'alcool à 45 %. Prendre 15 à 20 gouttes, 2 ou 3 fois par jour.
Par voie externe, on peut appliquer la plante fraîche sur les plaies, particulièrement sur les coupures qui saignent abondamment. De même, on arrêtera un saignement de nez en plaçant dans la narine un morceau d'ouate imbibé du suc de la plante.
Êtes-vous du type « bourse-à-pasteur »?
Selon la tradition hygiéniste allemande, il existe un type de femme « bourse-à-pasteur », comme il y a un type de femme « achillée millefeuille », «camomille» ou « alchémille ». La femme « bourse-à-pasteur » est peu compliquée, optimiste, pleine de vie et d'enthousiasme; de plus, elle possède une extraordinaire aptitude à récupérer rapidement après une maladie. Utile à toutes les femmes (quel que soit leur type) épuisées par de nombreuses grossesses ou par les interminables veilles qu'imposent parfois la naissance et les premiers mois de la vie d'un enfant, la plante serait particulièrement bénéfique aux femmes « bourse-à-pasteur », car elle rehausserait leur faculté de récupération rapide et complète à la suite d'une période d'épuisement profond.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire