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mercredi 23 septembre 2020

Chêne

 Chêne

Son nom

Arbre sacré dans de nombreuses traditions, chez les Celtes notamment, le chêne porte le nom de quercus en latin, mot d'origine celtique qui signifie « arbre par excellence ». Quant à « chêne », tout ce qu'on sait, c'est qu'il s'agit d'un mot d'origine gauloise.

Le nom latin d'une espèce européenne, Q. robur, signifie à la fois « force » et « chêne », ces deux concepts étant autrefois intimement liés dans l'esprit des gens. Tout à fait intéressant, par ailleurs, est le fait que le mot « druide » vienne du grec drûs et signifie « chêne ». On a donc établi dans le passé une relation étymologique absolue entre le nom de l'arbre et le nom des prêtres celtes, au point d'ailleurs qu'on a très souvent qualifié ces derniers d'« hommes de chêne ».

Considéré comme un temple par les Celtes, le chêne était vu, dans d'autres mythologies, comme le symbole d'une porte ouvrant sur les deux extrémités de l'année, bouclant ainsi le cycle annuel. D'ailleurs, le mot anglais oak dérive d'un mot sanscrit qui veut dire « porte ».

Son rôle dans l'équilibre écologique

Les Français se plaisent à dire que les chênes étaient autrefois si nombreux chez eux qu'un écureuil qui partait de l'extrême nord-est du pays pouvait se rendre jusque dans l'extrême sud-ouest sans jamais mettre une patte à terre.

Arbre d'une très grande longévité - on a vu des spécimens âgés de 1 000 ans - qui pousse extrêmement lentement, le chêne est réputé pour sa bonne résistance aux maladies. Il peut en outre atteindre une taille imposante. C'est le cas notamment d'un spécimen conservé précieusement dans un parc par les Britanniques et dont le tronc aurait environ 20 mètres de circonférence.

Toutefois, étant sur la limite nord de leur aire, ils sont beaucoup moins imposants au Québec, ce qui a poussé le frère Marie-Victorin à écrire, avec une certaine impatience sentencieuse : « ...il serait utile de n'employer qu'avec discernement, en ce qui nous concerne, certains clichés de la littérature (« Le Chêne géant », le roi des arbres, etc.) » Qu'on se le dise !

Les chênes fournissent une abondante nourriture aux écureuils, chevreuils, ours, pigeons bisets et dindons sauvages de ce monde, comme en témoignent (vraisemblablement) les noms vernaculaires anglais de certaines espèces : turkey oak, bear oak, etc.

Certains assurent que la terre dans le voisinage des chênes est plus calcaire qu'ailleurs, ces arbres ayant la propriété d'« attirer » le calcium. Chose certaine, ceux qui pratiquent l'agriculture biodynamique - prônée par Rudolf Steiner - utilisent l'écorce en quantité infinitésimale pour dynamiser composts et purins. En outre, des travaux sont en cours pour la mise au point d'un engrais à base de glands de chêne.

Dans plusieurs régions du monde, les glands de chêne servent de nourriture aux cochons. Ainsi, en Espagne, pendant quatre mois, ils constituent la nourriture exclusive des cochons destinés à la production du fameux jamón ibérico, considéré par certains comme supérieur au jambon de Bayonne et au prosciutto de Parme. Le paysan amène ses cochons dans les grandes chênaies (dans ce cas, de chênes-lièges) et à l'aide d'une verge souple, il frappe les branches des arbres pour en faire tomber les glands dont se délecteront ses bêtes. Ce régime leur donne, paraît-il, une chair extrêmement goûteuse qui, de plus, offre l'avantage que son gras soit très riche en acide oléique (principal acide gras de l'huile d'olive) et par conséquent moins nocif que le gras des porcs engraissés avec d'autres types d'aliments.

Et ça se mange ?

Il n'y a pas que les animaux qui apprécient les glands puisque les humains mangent depuis toujours ceux de diverses espèces, quoique certains soient plus amers que d'autres. Ceux du chêne blanc (Q. alba), du chêne bicolore (Q. bicolor) ou du chêne à gros fruits (Q. macrocarpa) sont relativement doux tandis qu'il vaut mieux éviter, autant que possible, ceux du chêne rouge (Q. rubra). Lorsque, en cas de nécessité, ils devaient consommer des glands amers, les Amérindiens les faisaient bouillir dans plusieurs eaux après y avoir jeté une poignée de cendres de bois. Quand l'eau était claire, cela signifiait que les glands avaient perdu une bonne partie de leur amertume et étaient sinon délicieux, du moins mangeables. On les apprêtait alors, soit en les faisant rôtir, soit en les faisant sécher et en les réduisant en farine qui serait ajoutée à de la soupe ou à diverses autres préparations. Pour certains, il n'y avait rien de meilleur que de la farine de gland ajoutée à du bouillon de canard.

Une autre manière de réduire leur teneur en tannin, et donc de les désamériser, consistait à les mettre dans des paniers que l'on enterrait pendant tout un hiver dans la boue humide. Il paraît que les glands sortaient de l'expérience tout noircis, mais infiniment plus agréables au goût.

En outre, on les a confits au sucre comme les marrons glacés et on en a fait un substitut de café.

On peut extraire l'huile des glands par pression. On obtient un liquide blanc et sirupeux que l'on purifie ensuite en le faisant bouillir et en recueillant l'huile à la surface.

L'écorce a, semble-t-il, été parfois consommée en cas d'extrême nécessité, mais elle n'est généralement pas recommandée comme aliment, pas plus que les feuilles d'ailleurs, du fait de leur grande richesse en tannin, lequel peut entraîner de graves problèmes en cas d'abus.

Il semblerait que les cendres du Q. alba aient été utilisées comme levain à pain et à gâteau dans l'est des États-Unis.

On peut se servir de l'écorce ou des feuilles pour clarifier un vin maison, surtout s'il est très riche en pectine. En prime, le chêne donnera au vin ce goût de baril de chêne que certains amateurs apprécient tellement.

Et ça soigne quoi ?

Bien qu'on ait parfois utilisé les feuilles ou les glands, c'est surtout l'écorce intérieure, à laquelle on a donné le nom de « tan », qui a été appréciée pour ses propriétés médicinales. Celle des branches âgées de cinq à dix ans serait la meilleure. En Europe, c'est celle du Q. robur qu'on a utilisée tandis qu'en Amérique, on a employé celle de plusieurs espèces, les propriétés de tous les chênes étant sensiblement les mêmes.

À cause de sa richesse en tannin, l'écorce est astringente, ce qui en fait un excellent remède topique pour combattre l'eczéma et diverses autres maladies cutanées. Généralement bien tolérée par la peau, elle ne provoque pas d'irritation. On s'en est servi aussi avec succès pour soigner l'inflammation de l'oeil, les hémorroïdes, les engelures et les fistules anales. Appliquée à hautes doses quand la gangrène menaçait d'envahir un membre, on lui attribuait le pouvoir d'arrêter la progression de l'infection. On l'employait en compresse, dans les bains de mains ou de pieds et, en cas de faiblesse générale, dans les bains complets. On l'a également administrée en douche vaginale pour le traitement des pertes blanches et des métrites, et en gargarisme pour le traitement des angines, stomatites et pharyngites.

On dit que les ouvriers qui étaient amenés à manipuler fréquemment l'écorce de chêne pour le tannage des peaux souffraient rarement de tuberculose, particularité que l'on attribuait au pouvoir astringent de l'écorce. On a d'ailleurs employé médicinalement la jusée, liquide qui se trouvait dans les fosses des tanneurs, que l'on filtrait puis faisait évaporer au bain-marie, pour préparer un extrait qu'on administrait dans le traitement de la phtisie (consomption).

Pour préparer la compresse, faire bouillir une ou deux cuillerées à soupe d'écorce hachée pendant 15 minutes dans un demi-litre d'eau. Pour les bains, faire bouillir une petite poignée d'écorce par litre d'eau en faisant réduire de moitié. Ajouter la décoction dans la bassine ou la baignoire. Pour la douche vaginale ou les gargarismes, administrer 15 grammes par litre d'eau. Enfin, on peut infuser quelques feuilles dans un litre de vin rouge additionné de miel et se servir de l'infusion en gargarisme contre l'angine.

Par voie interne, on s'est servi de l'écorce, des feuilles et des glands pour soigner les hémorragies, la tuberculose, les gastralgies, les pertes blanches, la diarrhée, l'incontinence d'urine, la faiblesse générale.

L'écorce se prend en décoction à raison de cinq grammes par litre. Faire bouillir dix minutes. Prendre trois tasses par jour entre les repas.

Quant aux feuilles, elles se prennent également en décoction à raison d'une poignée par litre que l'on fait bouillir dix minutes. Prendre trois tasses par jour.

Les glands se prennent soit sous forme d'infusion de la poudre à raison de 30 grammes par litre d'eau (une tasse après les repas), soit sous forme de glands torréfiés et pulvérisés (préparation que l'on appelle « café de gland »), puis préparés en infusion selon les mêmes proportions.

On a également employé en médecine les galles (ou pommes de chêne), ces excroissances en forme de noix qui poussent sur les feuilles à la suite d'une piqûre d'insecte (du cynips plus exactement), pour leur richesse en tannin. Il paraît qu'il fallait impérativement récolter les galles avant que l'insecte ne les ait quittées, sinon elles perdaient de leur astringence. Largement utilisées dans la tannerie, certaines de ces galles - la galle d'Alep ou du Levant - étaient très recherchées, car elles donnaient au cuir une souplesse et un lustre exceptionnels.

Les Amérindiens se sont servis de la mousse verte qui poussait sur les glands immergés dans la boue pour traiter les infections.

Compresse d'écorce de chêne

Pour qu'une compresse soit efficace, il faut que son « bénéficiaire » soit à l'aise. La pièce où il se trouve doit donc être bien chauffée afin de lui éviter de prendre froid.

Préparez une décoction de chêne en faisant bouillir une ou deux cuillerées à soupe d'écorce hachée pendant 15 minutes dans un demi-litre d'eau. Filtrez, laissez refroidir la décoction jusqu'à ce que la température oscille entre 65 et 80 °C (au besoin, utilisez un thermomètre) et trempez-y la compresse, qui sera de préférence un morceau de toile de lin, quoique tout autre tissu fera l'affaire. Tordez bien pour essorer et appliquez délicatement sur la partie malade de votre patient improvisé en l'avertissant que ce sera peut-être un peu chaud, mais que c'est pour son bien. Attention, il est extrêmement important de bien essorer, au risque de brûler la peau de ce pauvre cobaye.

Recouvrez la compresse d'une serviette bien sèche. Pendant ce temps, préparez une autre compresse, car au bout de deux ou trois minutes, la première aura refroidi.

Répétez ces « manoeuvres » pendant 10 à 30 minutes, le plus longtemps, le mieux. Chose certaine, si la peau sous la compresse vire uniformément au rouge, c'est le temps d'arrêter le traitement, lequel, en passant, est divin contre les hémorroïdes.

Acceptez avec modestie les remerciements de votre patient, en lui disant, par exemple : « Oh!, il n'y a pas de quoi en faire tout un plat. Après tout, je n'ai fait que suivre les conseils donnés dans l'Herbier médicinal. »


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